Sunday, October 31, 2010

Mœbius-Transe-Forme, à la Fondation Cartier

Mœbius/Jean Giraud/Gir a signé les bandes dessinées du Lieutenant Blueberry, d'Altar, du Monde d'Edena, s'est associé aux magazines Pilote et Les Humanoïdes associés, a participé au développement de production cinématographiques telles qu'Alien, de Ridley Scott, d'Abyss, de James Cameron, ou du Cinquième élément, de Luc Besson. Son style peut paraître aussi varié que toutes ses contributions et que ses séries de bandes dessinées. Toutes ces œuvres convergent néanmoins en un point commun, celui de la métamorphose; l'œuvre de Mœbius est aussi polymorphe que l'auteur, qui signe au gré de ses personnalités. L'auteur joue sur le terrain de la science-fiction et de la métaphysique pour permettre à ses personnages et ses décors d'évoluer sans cesse; même le célèbre Blueberry n'a pas gardé la même figure au cours du temps.



L'exposition présentée à la Fondation Cartier est riche et sélectionne des dessins d'une infinie variété. J'y suis restée 2h30, et j'ai malheureusement du m'obliger à presser le pas et les yeux dans la seconde partie de l'exposition, et j'ai aussi raté le documentaire de 52 minutes diffusé en avant-première, et pas eu le temps de feuilleter le catalogue de l'exposition. Bref, si vous aimez un tant soit peu Mœbius, ses bandes dessinées, ses illustrations, la science-fiction, etc, prenez votre après-midi.


La première partie de l'exposition est un long présentoir - en forme de ruban de Möbius, bien trouvé - qui expose un nombre incroyable de dessins originaux, en particulier des planches de ses nombreuses séries, dans lesquelles s'intercalent des recherches, d'autres originaux de la série Inside Mœbius. Cette dernière série, que je ne connaissais pas, est une introspective schizophrène et surréaliste de Mœbius à travers lui-même et son œuvre; le personnage Mœbius y croise Gir et Jean Giraud, ainsi que tous ses personnages. Il faut prendre le temps de progresser lentement le long de ce ruban, et d'écouter les bribes d'interview réalisée avec Michel Cassé - c'est bien cela? - diffusées au-dessus du parcours par intermittence. J'aurais aimé m'attarder encore plus pour écouter l'intégralité de cet entretien, mais les morceaux attrapés ici et là, et raccrochés aux dessins avaient leur charme. L'ambiance est presque mystique, et le son des voix alterne avec des bruits et des musiques qui inspirent l'artiste et nourrissent son univers. Cette première partie, qui présente déjà les grands thèmes de Mœbius, et ses images récurrentes, se clôt - ou s'ouvre, ça dépend à quelle heure vous arrivez, finalement - avec un court-métrage inédit réalisé avec BUF Compagnie par Mœbius et Geoffrey Niquet, La planète encore. Ce petit film de 8 minutes en relief est accompagné des planches originales qui l'ont inspiré. Ça manque un peu de texture, mais les déserts, les formes changeantes, sont pleins d'onirisme et de magie.


La seconde partie de l'exposition, au sous-sol, présente en vrac d'immenses tirages de planches de bande dessinée, des recherches lumineuses plantées sur des pics qui forment un drôle de canyon sombre et coloré, des peintures, des réalisations digitales, des recherches pour le cinéma... Cette accumulation se divise en catégories qui dominent l'œuvre de Mœbius, et qu'on a parfois du mal à séparer. Tout d'abord, on voit dans ces images des formes qui changent et évoluent, s'absorbant en elles-mêmes, ou faisant jaillir des tentacules; on traverse des déserts inspirants et propices à une méditation ou à une transe, cette dernière étant aussi propice à la métamorphose; le rêve est aussi un élément majeur qui permet de passer d'une forme à une autre. La scénographie de l'exposition est riche de dédales mais reste cohérente, tout à fait en accord avec les dessins présentés. On y découvre l'esprit foisonnant de Mœbius, qui rappelle étrangement l'inspiration dada, par la richesse du subconscient qu'elle libère et que Mœbius retranscrit. Le sexe est évidemment une composante importante de cette œuvre, volubile, expressif et créateur d'un élan vers la mutation. Les créatures hybrides, l'ambiguïté sexuelle sont au cœur des thèmes chers à Mœbius. Cette seconde partie de l'exposition inclut un documentaire, présenté également en avant-première, et réalisé par Damian Pettigrew avec l'aide de Mœbius/Jean Giraud et d'Olivier Gal à l'écriture, sur Mœbius. Je n'ai absolument pas eu le temps de le regarder, mais je compte sur une sortie cinématographique ou télévisée. Quelqu'un a-t-il plus d'informations sur le sujet?


C'est donc une superbe exposition, encore une fois, que présente la Fondation Cartier. A ne pas manquer.


Mœbius-Transe-Forme
jusqu'au 13 mars 2011

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