Monday, November 1, 2010

L'étrange histoire de Benjamin Button, de David Fincher

Daisy va mourir. Mais, avant cela, elle tient à raconter à sa fille un secret, et lui fait lire le journal de son ancien ami d'enfance, ancien amant aussi quelques années plus tard, Benjamin Button. Benjamin nait à la fin de la 1ère guerre mondiale en faisant mourir sa mère en couches. Né avec toutes les caractéristiques physiques d'un vieillard, il est abandonné par son père terrifié sur le perron d'une maison de retraite. Recueilli par une jeune Noire au grand cœur, il est choyé et grandit tout en rajeunissant, confondu parmi les pensionnaires. Il rencontre Daisy petite fille, alors qu'il a environ 7 ans et l'air d'en avoir 73. Chacun grandit/vieillit/rajeunit, sans jamais se perdre totalement de vu, et se retrouvant périodiquement à la maison de retraite de la Nouvelle Orléans.



Dans mon grand désir d'appréhender un peu plus ce drôle de réalisateur qu'est David Fincher, j'ai regardé L'étrange histoire de Benjamin Button. Je ne voulais pas vraiment voir ce film lorsqu'il est sorti au cinéma, l'histoire m'intéressait peu, et le format blockbuster me répugnait encore plus. De plus, j'entendais parler de prouesse technique, d'effet spécial de malade mental, de Brad Pitt vieux sur un corps d'enfant... mais pas vraiment de scénario, d'émotion, d'histoire. J'aurais clairement du m'en tenir à cela. De plus, j'avais des images dans la tête me donnant la sensation de déjà-vu au visionnage de la bande-annonce; un homme, une gare, un éclair, une perte de mémoire,... ça parle à quelqu'un? C'était quoi, ce film, dans les tons d'orage et d'années 20?


L'étrange histoire de Benjamin Button dure plus de deux heures et trente minutes. Je l'écris en entier pour dire combien c'est long. Etrange de voir comme une nouvelle, un fin volume, de F. Scott Fitzgerald, peut avoir été allongé de cette manière. La concision est une qualité oubliée au cinéma des années 2000. Si, en plus, le rythme du film est monotone, je vous promets une après-midi d'ennui. J'ai désespérément attendu que Benjamin rajeunisse, couche avec son amour d'enfance de quand il était un vieillard, puis la quitte et redevienne un bébé et meurt et qu'on m'en débarrasse. Je peux me frotter les mains et annoncer que j'ai vu un film de plus de David Fincher et que vraiment, sa filmographie est inégale. D'une histoire dont on connaît d'avance l'inexorable dénouement, il faut faire quelque chose de plus dynamique, de plus surprenant. 


On savoure d'autant moins les vains rebondissements que le film s'ouvre avec la vieille Daisy/Cate Blanchett sur son lit de mort, qui fait lire à sa fille - leur fille, je n'apprends rien à personne, on s'en doute dès le premier plan, encore une surprise qui n'en est pas une - le journal du défunt Benjamin Button. D'une, les vieux parlent lentement, et doivent respirer entre chaque mot; entre Daisy à l'hôpital, et Benjamin qui naît vieux, chacun ralentit encore le déroulement des évènements. De deux, je pense avoir déjà suffisamment dit que ces alternances retours au présent/flash-backs étaient harassants pour le spectateur, même si ils étaient une réelle aide pour le réalisateur. Une aide, donc une paresse. David Fincher, plutôt que de trouver des passerelles entre deux évènements distants en temps et/ou en lieu dans l'histoire de Benjamin Button, cède à la facilité de revenir par la voix off de la fille de Daisy au lit d'hôpital, où Daisy fait des confidences laborieuses avant d'enjoindre sa fille à tourner quelques pages et à se remettre à lire. Ce procédé simpliste est énervant de redondance, et semble encore ralentir un rythme déjà énervant de lenteur.


Les performances d'acteurs, l'image plutôt jolie - David Fincher a travaillé avec le chef opérateur habituel de Jean-Pierre Jeunet -, sont impossibles à mesurer. Avant tout, un film est un bon scénario. Ce n'est pas le cas de L'étrange histoire de Benjamin Button. 


L'étrange histoire de Benjamin Button
de David Fincher
avec Bard Pitt, Cate Blanchett, Taraji P. Henson
sortie française: février 2009

2 comments:

Trey said...

Où le dicton "c'est beau mais c'est chiant" prend tout son sens.
Aucun défaut au niveau technique mais des longueurs, une absence de suspense...

Fanny B. said...

"c'est beau mais c'est chiant"

héhé, c'est exactement ça!