Tuesday, February 8, 2011

Carnet de voyage - Londres 2011

Londres, ce n'est pas comme si j'y mettais les pieds pour la première fois. Du coup, cet album photo n'aidera probablement pas les visiteurs à découvrir les bases de la ville. Mais ça me permet de partager un weekend anglais, et de commencer ici un carnet d'adresses testées et commentées.



MANGER & BOIRE

Terroirs - 5 William IV Street - WC2N 4DW - Charing Cross tube
Ce petit restaurant français fait la part belle aux vins naturels. La carte se compose de tapas, ou petites assiettes à partager - ou pas -, de planches de charcuteries et de fromages. On est plutôt chiche sur la quantité, surtout pour de tels prix - 10£ environ l'assiette. Mais Terroirs existe pour son ambiance bistro. On attend qu'une table se libère, si on n'a pas réservé, au bar, en sifflant un verre de vin servi dans un verre à Bourgogne fin - ça manque de désinvolture, mais on est à Londres, le bon vin est exceptionnel, ça se comprend. Le service, quasiment 100% français, nous aborde en anglais... et on se reconnaît vite à l'accent! Une table se libère très rapidement, et voici notre petite assiette de 3 fromages, une petite mozzarella dans son huile d'olive, de la salade... Pas franchement veggie-friendly, on ne peut pas manger correctement. Du coup, la bouteille qui suit nous rend pompette... On goûte la cave de Pierre Breton, un délice, et une bouteille aux alentours de 30£ - les premiers prix. On y retournera, mais peut-être pour un simple apéritif au bar, car l'addition se révèle salée, et on n'a pas mangé grand chose, finalement...
Little Georgia - 87 Goldsmith's row - E2 8QR - Liverpool Street tube
Dans le quartier de Shoreditch se dissimulent des petites merveilles, perdues au milieu de rues nues et vides. Columbia Road vaut le détour en journée, probablement, parsemée de petites échoppes colorées. Je m'y suis rendue le soir, tout était fermé, et j'ai tourné des heures dans de petites rues, passant d'un coup d'un quartier d'habitations à cet écrin de vie close. En cherchant Little Georgia, Laxeiro Tapas bar, ainsi que Brawn, dans la même lignée que Terroirs, auraient eu l'air accueillants si je n'avais pas fini par trouver l'adresse grâce à une adorable anglaise qui a su indiquer le chemin avec précision. A Little Georgia, je m'excuse de notre retard et n'ai en retour qu'un regard à demi-aimable sous de grosses lunettes, et un signe de tête vers la table vide. La cuisine est toute petite, la patronne renfrognée - peut-être ne parle-t-elle pas anglais? Elle discute avec ce qui semble être sa fille, une adorable serveuse qui monte et redescend de la salle du haut, où se trouve la cuisine, à celle du bas, où des tablées semblent dévorer quantité de plats. Le restaurant applique le Bring Your Own Bottle. Je n'ai rien dans mon panier, et ce n'est pas plus mal vu le repas de la veille. On se partage des assiettes, généreuses, de borscht, de poivrons farcis, de pain également farci, de salade de betterave,... Veggie-friendly, pour le coup, la carte propose pour 5£ des plats 90% végétariens. Les trois plats spéciaux du jour sont affichés sur une ardoise. Le service est tranquille, personne ne nous presse. Les gens entrent et sortent, il vaut mieux réserver! En dessert, du thé, et des gourmandises beaucoup moins typiques mais excellentes. Un délice qui valait le coup de faire le tour du quartier.
The Breakfast Club Soho - 33 D'Arblay Street - W1F 8EU - Tottenham Court Road tube
Adresse maintes fois testée pour le brunch, mais c'est la première fois que j'ai eu à attendre pour y entrer. A deux, la demi-heure d'attente est largement supportable, surtout quand on sait ce qui nous attend. A l'intérieur, jus de fruits frais, smoothies, grands cafés, larges assiettes - environ 8£ - de pancakes, muffins, bagels, agrémentés d'œufs, de haricots, de champignons, végétarien ou non... C'est chaleureux, coloré, délicieux. Indispensable le weekend! Il existe plusieurs adresses à Londres.

EXPOS

 
Drawing fashion @ Design Museum - 28 Shad Thames - SE1 2YD - London Bridge tube
J'avoue que je pensais trouver là plus de recherches et roughes de designers, mais l'exposition regroupe en fait des dessins de mode tels qu'ils apparaissent dans des magazines, ou des publicités aujourd'hui. J'aurais aimé voir les dessins de Gruau ou de Lepape dans leur contexte, ces vieux illustrés qui faisaient la mode d'hier, plutôt que seuls dans leurs cadres; de nos jours, ces dessins sont exploités par les publicitaires. Jolie découverte que celle de Mats Gustafson cependant - ci-dessus. Le Design Museum ne vaut le détour que pour son placement, au bout de la jolie Tooley Street, ce qui constitue une jolie balade depuis le Tate Modern.
30 years of Japanese  fashion @ Barbican - Silk Street - EC2Y 8 - Moorgate, Liverpool Street, St Paul's, Barbican tubes
Au contraire du Design Museum, le Barbican ne vaut pas vraiment le détour pour la balade sous de sombres tunnels et dans les parkings. Mais, une fois qu'on y est, les expositions comme l'intérieur du bâtiment, qui inclut cinémas, salles de spectacle, café, et restaurant, est tellement vaste qu'on peut s'y perdre un après-midi entier. J'ai eu la chance de venir juste avant la fin de l'exposition Future beauty: 30 years of Japanese fashion, qui regroupe, dans une scénographie absolument fantastique, les talents de la mode japonaise. Les créateurs japonais ont surgi dans les années 1980 et ont fait leurs preuves à Paris. Aujourd'hui, la mode japonaise retourne au Japon. La touche japonaise est tout à fait remarquable, originale, déconcertante de simplicité et de complexité. Les matériaux sont souvent privilégiés, et la forme suit, minutieuse, travaillée. L'exposition baigne dans une atmosphère envoûtante donnée par une musique douce, et de grands pans de tissus légers et transparents donnent une forme fantomatique aux silhouettes autour desquelles on se déplace, pour explorer toutes les coutures du vêtement. A l'étage, des pièces mettent l'accent sur un créateur ou un mouvements. Les vidéos ponctuent l'exposition, dont une belle interview de Yohji Yamamoto, pas si conventionnelle, mais aussi des défilés, et des performances des artistes.


QUARTIERS

Islington
Je n'ai pas vraiment de bonnes adresses dans le quartier, mais, en sortant à la station Angel, on trouve une rue commerçante, un marché - je conçois mal d'acheter mes légumes sous vide au supermarché -, des bars qui ont tous l'air plus ou moins sympa, pas mal de friperies, et aussi un Breakfast Club,... Entre ce quartier d'Islington et celui de Hackney, juste à l'est, je me verrai bien déménager un jour.


Borough Market
Je ne vais pas vous faire le topo "c'est le plus ancien marché londonien blablabla...". L'avalanche de fruits et légumes et fromages et viandes, et pains, et tout et tout, situé sous un pont, cependant lumineux, dans ces ruelles colorées vaut complètement le détour, que vous soyez adeptes des marchés ou pas. J'avoue rester perplexe, face aux mangues et aux avocats, quant à la proximité des producteurs, mais les couleurs et les odeurs qui se mêlent ici me font oublier cette "petite" question. De toute manière, je ne pense pas y faire réellement mon marché, les prix ne me semblent pas non plus être les plus honnêtes. Mais on s'y balade, entre le Tate et le Design Museum par exemple, et on y trouve des perles de pubs et de restaurants.
Soho
Cette année, le nouvel an chinois était fixé au 2 février, et fêté le dimanche suivant. A 11h, dans Soho, seuls quelques policiers rompaient le silence inhabituel. Pas une voiture ne passait. Après le brunch, c'était une autre affaire. Les gens se pressaient, on voguait avec la foule, si dense qu'on choisissait difficilement sa direction. Des dragons dansaient au son des tambours. J'en ai suivi quelques uns, observant de loin leurs déhanchements. De porte en porte, les restaurants et boutiques espéraient son arrivée, chou suspendu au-dessus du palier. Le dragon danse devant la porte, se dresse, part, revient, hésite. Soudain, les tambours battent, le dragon gobe le chou! Après une chorégraphie au plus près du sol, il rejette le chou, déchiqueté, sur le palier. J'imagine que ce folklore obéit à une tradition bien précise, mais je n'imagine pas encore à quel point. Sur le chemin du dragon, je me place à l'intérieur du restaurant chinois.

La patronne, anxieuse, attend l'arrivée de la bête... Soudain, l'effervescence. Des mots sont lancés en chinois, la patronne décroche le chou, hurle, rit, pleure, saute au cou d'un gros chinois qui ne se laisse pas décontenancer. Qu'arrive-t-il? Pourquoi a-t-elle décroché le chou? Le dragon s'avance et continue sa danse sur le palier. C'est fascinant, et un peu terrifiant aussi. Mais que va-t-il manger, on lui a ôté son chou...? C'est alors que je comprends la joie furieuse et soudaine de la patronne: le dragon pénètre à l'intérieur du restaurant. Le foule s'engouffre à son tour derrière le dragon, en panique organisée. La patronne, mains jointes, regard brillant, admire la danse du dragon. Au plus près, les tambours grondent plus fort. Sur le sol est déposé une assiette, la carte du restaurant, rouge, y est posée. Le dragon s'approche, recule, enfin, il attrape la carte. La patronne manque de s'évanouir de bonheur. Le dragon rejette la carte, la patronne s'en saisit et la serre contre son cœur. Le dragon repart vers d'autres destinations, tandis que la patronne, folle de joie, oublie de virer la foule qui jalouse son bonheur. Chacun, sur son passage, caresse du doigt le dragon.

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