Friday, February 25, 2011

Du mariage au divorce, de Georges Feydeau

Quatre pièces en un acte sont présentées en ce moment au théâtre Marigny à Paris. Quatre pièces, qui mettent en scène des couples qui s'aiment, ou moins, se disputent dans une ambiance bourgeoise un peu dépassée, aux murs de papier peint sombre, et aux tirades colorées. Dans On purge bébé et Feu la mère de Madame, les deux pièces que j'ai vues, les personnages se répondent vertement, mari et femme s'opposent et leurs points communs, ceux qui étaient évidents au mariage, se sont vite effacés...


Je vais au théâtre pour changer du cinéma, pas bien souvent donc. Mais, finalement, le théâtre peut se montrer très accessible, et la proximité de la scène, tout comme le plaisir de voir une œuvre unique dont la cohérence est autant du aux comédiens qu'à la salle et aux réactions des spectateurs, fait forcément passer un très agréable moment. Je souhaitais également découvrir Elmosnino, découvert dans Gainsbourg, vie héroïque, en action sur la scène. De ce côté, je n'ai pas été déçue. Même si le comédien n'a qu'un second rôle dans une seule de ces deux pièces, son interprétation, costume trop grand, cheveu gominé et tiré sur le crâne, manières précieuses, le transforment totalement.


Les deux pièces se déroulent dans une ambiance un peu passée, au sein de couples dont la bourgeoisie sent le manque d'argent, les traditions vieillottes et la vie conjugale fade. Les dialogues de Georges Feydeau mettent en évidence ce vieux moisi, et joue sur les mots et les ignorances. La femme a le mauvais rôle, le rôle qui fait rire; elle rebondit vertement sur chaque sous-entendu, saute du coq à l'âne selon son bon plaisir, et pour le déplaisir du mari dépassé par ses associations d'idées. Drôle et enlevé, le texte est néanmoins légèrement hystérique comme un théâtre de boulevard, maintenant le spectateur attentif. Les personnages se déplacent sans cesse, et le rythme ne redescend que rarement, et sur de courtes durées.


A l'image de ces pièces, mettre les pieds au théâtre semble être un geste qui sent la poussière. Le tapis est forcément rouge, l'entracte bruyante et trop courte, les lumières trop jaunes, et l'ouvreuse, vieille fille, vous tend la paume ouverte en toussotant discrètement "nous ne sommes pas rémunérées".


Sans recommander précisément du Feydeau, léger et joyeux je vous conseille cependant de mettre les pieds au théâtre. Le spectacle vivant est une expérience superbe, et les applaudissements enjoués, qui récompensent en direct les interprètes, ont plus de chaleur que la fuite éperdue des spectateurs de cinéma dès que les lumières se sont rallumées, à la dernière image du film.


Du mariage au divorce
de Georges Feydeau
mise en scène d'Alain Françon
au théâtre Marigny jusqu'au 07 mai 2011

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