Monday, January 23, 2012

L'amour dure trois ans, de Frédéric Beigbeder

Marc Marronnier, critique littéraire et chroniqueur mondain écume les soirées parisiennes, jongle entre gueules de bois et son amour avec Anne. Malheureusement, il semblerait que l'amour ne dure que trois ans, et après un divorce désastreux avec sa femme, il commence à repenser à Alice, la femme de son cousin, rencontrée lors de l'enterrement de sa grand-mère. Alice l'obsède, et alors qu'il tente de vendre son premier roman, sous pseudonyme, qui crie haut et fort l'absurdité du mariage et l'impossible amour, il tombe cependant amoureux.


Frédéric Beigbeder est un personnage, qu'on aime ou qu'on déteste, la plupart du temps. M'intéressant assez peu à la télévision ou les journaux "mondains" où il s'est fait reconnaître (enfin... je crois?), j'avoue ne pas avoir un avis aussi tranché. Il m'énerve autant qu'il me fascine, agaçant par ses remarques d'homme qui a toujours vécu dans un milieu très aisé, intriguant par ses choix d'esthète. Bref, je ne le connais pas, et n'ai rien lu de lui. Je crois que sa littérature m'attire peu, par ses sujets légers et sa trop grande facilité de lecture. Cependant, il faut avouer que Frédéric Beigbeder est bien un homme de mots, et que sa rhétorique est plaisante. Son personnage principal, qui le singe dans L'amour dure trois ans, Marc Marronnier, possède donc lui aussi cet amour du verbe et de la répartie cinglante tout en étant parfaitement désabusée. Rive gauche, pour les Parisiens, qui reconnaîtront un certain type.


Marc Marrionnier parle donc, beaucoup, au spectateur, à la caméra, et écrit, aussi, un roman ou des lettres d'amour. L'amour dure trois ans est une histoire de mots avant tout, à laquelle l'image apporte assez peu de choses. Le jeu des acteurs est parfois perturbant, loin d'un monde populaire, mais les phrases sont aussi percutantes. Gaspard Proust réussit bien son coup, obligé d'avoir des regards caméra et l'air dandy, caractérisant son personnage. Louise Bourgoin réussit moins bien, trop, comme l'avoue Marc Marrionnier lui-même, pas dupe, fraîche, idéale, spontanée, trop parfaite. Mais, bien entendu, le scénario étant celui de la vie, tout à fait subjectivement, de Marc Marronnier, Frédéric Beigbeder s'en tire plutôt bien, par une entourloupe ironique.


Malgré quelques réparties très drôles - Valérie Lemercier possède sans doute les meilleures lignes, dans son rôle d'éditrice-requin -, le film ne possède une profondeur que toute relative au grave sujet qu'est l'amour. C'est cependant le but que cherchait probablement à atteindre Frédéric Beigbeder: en plaçant l'amour au centre de son film, il lui donne de l'importance, et du poids, un peu comme tout le monde. La manière dont il le traite rétablit l'équilibre: l'amour, il faut certainement le prendre à la légère, comme le personnage d'Alice, qui se fiche des convenances et des généralités. Il existe un amour différent pour chacun d'entre nous, ou peut-être unique pour juste deux personnes, qui feraient bien de rester ensemble si elles se trouvent. Ca a l'air compliqué, comme ça, mais c'est en fait beaucoup moins prise de tête que nombre de comédies françaises qui se prennent au sérieux.


Le discours sonne donc creux, l'image ne fait pas grimper au plafond, mais on n'a pas besoin de plus pour ressortir la tête légère.


L'amour dure trois ans
de Frédéric Beigbeder
avec: Gaspard Proust, Louise Bourgoin, Frédérique Bel,...
sortie française: 18 janvier 2012

No comments: