Tuesday, January 31, 2012

The descendants, d'Alexander Payne

Matt King vit à Hawai et loin du paradis. Alors qu'il démêle, pour ses cousins, le casse-tête de la vente obligée d'une large partie de terre vierge dont sa famille dispose depuis des générations, il se retrouve soudain tête à tête avec ses deux filles de 10 et 17 ans alors que sa femme est dans le coma. Alors qu'il risque de la perdre, il réalise alors que sa femme s'est trop éloignée de lui. Mais ses projets de vente, d'argent et d'amour qu'il prévoit au réveil de sa femme s'effondrent alors qu'il comprend qu'elle n'ouvrira plus jamais les yeux; dans la foulée, il découvre qu'elle le trompait et souhaitait même divorcer. Sa vie de famille, depuis son cercle proche composé de ses filles et de sa femme, jusqu'au plus large, avec ses cousins, semble être entre les mains du destin plutôt qu'entre les siennes.


Je sais bien qu'en ce moment, la question est "alors, cet Oscar?" Et on ne va pas tourner autour du pot, la réponse est claire, The descendants n'a pas la force de soutenir la comparaison face à d'autres films dans la catégorie du Meilleur film; exit aussi, la performance d'acteur de Georges Clooney, qui fait bien son métier mais sans briller excessivement; quant au Meilleur montage, un volet et le film n'y prétend plus; reste au Meilleur scénario qu'il se démarque vraiment... ah attendez, il n'est pas nommé dans cette catégorie, c'est dommage!


Pourquoi est-ce que j'exclue The descendants de certaines catégories? Je l'ai précisé pour le montage, il y a un volet, un seul, utilisé dans le film; non seulement cette technique elliptique n'est-elle pas vraiment cinématographique - c'est plutôt un "truc" cartoonesque qui, utilisé à bon escient, peut faire rire ou surprendre, ou bêtement sert à passer du jour à la nuit en place d'un fondu au noir qui endort - mais en plus, utilisé une seule fois sur deux heures de film, sonne comme une défaite d'un monteur fatigué qui laisse passer un raccord un peu moche, en espérant, peut-être, que personne ne le remarque.


Je vire malheureusement aussi Georges Clooney dans la catégorie Meilleur acteur. Oui, il a pris 30 kilos et oublié de rentrer sa chemise dans son pantalon pour avoir l'air d'un papa plouc, quelle performance, quelle audace! Mais, à part cette transformation physique radicale qui fait oublier son statut de sex-symbol Nespresso©, le personnage de Matt King ne lui offre pas de quoi surpasser Jean Dujardin - entre autres. Matt King n'est qu'un type terriblement banal, et rien n'est plus terne que la normalité. Georges Clooney réussit à interpréter cette retenue, mais à trop courber l'échine, ne sort donc jamais la tête de l'eau, même lorsqu'il reprend enfin sa vie en main. Un seul exemple pour expliciter cette attitude de bravoure sans héroïsme: vous voyez, la fin de la bande-annonce, la blagounette "you could have had the decency to lie about that one", ce à quoi l'amant répond "ok, twice" en avouant le nombre de fois où il a souillé les draps du mari? Bon, et le regard que lui jette ensuite Georges Clooney/Matt King, vous l'interprétez comment? Exactement, moi non plus, je ne le comprends pas. Tout le monde rit à ce moment là, conditionné certainement par l'idée de la bande-annonce qui se doit de conclure par une vanne. Mais que pense Matt King, réellement, à cet instant, je crois bien que Georges Clooney n'en a lui-même pas la moindre idée.


Si le film ne fait pas mouche dans plusieurs catégories, c'est donc qu'il ne pourra pas l'emporter dans cette du Meilleur film, soyons logiques. Par contre, j'aurais volontiers nommé les scénaristes - Nat Faxon, Jim Rash, Alexander Payne - pour leur travail d'écriture - Meilleure adaptation, car le scénario est basé sur une œuvre de Kaui Hart Hemmings. De petits détails d'écriture rendent le film touchant. Par exemple, la voix off de Matt King qui ouvre le film, qui est presque trop présente, trop explicative, très lourde, et qui disparaît par la suite... est une excellente et simple interprétation de la solitude d'un homme laissé seul avec ses pensées et qui trouve ensuite sa place au sein de sa famille et dans la société. Il n'a donc plus besoin de s'exprimer en direct avec le spectateur lorsqu'il a réussit à reconnecter avec son environnement social. Les notions de famille et d'attachement à la terre sont elles joliment entremêlées, jouant l'une sur l'autre pour construire une intrigue cohérente où la découverte d'un amant possède un impact sur la décision d'abandonner un terrain reçu en héritage. Les deux fils du scénario sont complémentaires, et le dernier switch est élégant et permet à Matt King de redresser le torse, alors qu'il s'est, jusque là, laissé porté par les évènements.


Ce sympathique moment cinématographique ne devrait donc pas emporter grand nombre de statuettes; cela dit, The descendants n'est pas nommé dans la catégorie Meilleur scénario, et je ne suis pas membre du jury. Faut y croire, Alexander Payne!




The descendants
d'Alexander Payne
avec: Georges Clooney, Shailene Woodley, Amara Miller,...
sortie française: 25 janvier 2012

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