Alors que la saison 1 de Bref, la série de Kyan Khojandi sur Canal+, s'achève, et que l'engouement pour la série n'a pas décru, j'ai regardé le documentaire réalisé par Olivier Montoro à propos de Bref. On y voit les comédiens/scénaristes/réalisateurs en parler; Kyan Khojandi, Bruno Muschio et Harry Tordjman reviennent sur le fameux buzz qui les a fait connaître, se montrent aussi enthousiastes que des gens qui n'ont pas trop le melon, révèlent leurs secrets qui n'en sont pas vraiment. Chaque comédien regarde aussi avec humour et distance son personnage, et le succès de la série.
La réussite de ces trois jeunes hommes qui ont su, par chance ou par calcul, être au bon moment, au bon endroit, et maintenir droitement leur conduite par la suite, est autant un phénomène que la série en elle-même. Somme toute, leurs méthodes sont simplement logiques et efficaces. Ils s'appuient sur des scénarios bien écrits, pensés en équipe, discutés en mode "team de scénaristes", à la manière américaine. La touche française de cette écriture, c'est de rester seulement à trois, devant un ordinateur, à déblatérer des âneries, là où les Américains auraient engagé 15 scénaristes des plus réputés dès que les audiences auraient révélé le succès. Les trois créateurs de Bref ont su conserver l'esprit d'amitié et de débrouille dans leur production - esprit d'amitié et de débrouille aussi appelé "bouts de ficelles" dans les productions qui ne connaissent pas la même audience.
Je n'ai pas grand chose à ajouter à ce que j'avais raconté précédemment, la semaine même de la diffusion du 1er épisode de Bref sur Canal+ et sur le web. Le documentaire de la chaîne brosse évidemment tout le monde dans le sens du poil, mais comment ne pas être aussi passionnés d'eux? Il y a cependant deux petites phrases que j'ai particulièrement retenu dans ce docu. Il y a un témoignage qui cerne, selon moi, exactement l'essence de Bref. Pour autant que je m'en souvienne pas du tout textuellement, ça dit que Bref raconte le quotidien le plus banal du monde, qu'on ne remarque même pas tellement il nous est habituel. Et c'est là le génie de la série, en effet! Bref sublime des moments absolument basiques, si bêtes qu'il ne nous serait même pas venu à l'esprit de les raconter. Une autre remarque m'a marquée, c'est celle qui compare les méthodes "à l'américaine" et celles "à la française". Comme je l'ai dit plus haut, je crois bien que c'est dans le scénario que Bref révolutionne les méthodes d’écriture française, en y mettant l'équipe. Une petite révolution, certes, mais qui introduit l'idée dans les cerveaux des producteurs français, je l'espère. Et pourtant, Bref est bien une série française. Malgré son langage "jeune", elle montre un amour du mot, du phrasé, et cette suprématie du verbe sur l'image, c'est terriblement français.
On retrouve d'ailleurs cette manière de travailler le texte plus que l'image au montage. Ah, le montage de Bref, qui a fait que tout le monde s'est soudain aperçu qu'il y avait du travail en post-production. On nous présente enfin Valentin Féron (mince, super difficile de retrouver son nom autre part que dans le documentaire... à 37'30"), monteur de la série, qui écoute la voix off tout en coupant partout l'image. Ça doit être rébarbatif comme de la série, tout en étant parfaitement jouissif - tout le monde sait que la joie vulgaire de tout monteur est de supprimer des kayaks prévus au tournage. Je suis tout personnellement ravie d'avoir enfin mis un visage sur ce travailleur de l'ombre.
Bref
avec: Kyan Khojandi, Alice David, Kheiron,...
saison 01 terminée sur Canal+
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