Deux films en un post? Deviendrais-je flemmarde? Non, je suis juste super moins intermittente en ce moment, je n'ai plus de jours pour bloguer depuis des cafés. Et puis je vois beaucoup de films français depuis que je suis revenue d'Australie. Est-ce que la France m'a tant manquée? Ou est-ce qu'il y a de vrais talents qui ont émergé en mon absence? En tout cas, je juges intéressant de rapprocher ces deux derniers visionnages.
Des Métamorphoses, ce sont celles d'Ovide, relues par Christophe Honoré. Des dieux s'amusent aux dépens des vivants, parce qu'ils sont plus jaloux, plus prétentieux, et qu'ils ont du pouvoir. Ces dieux grecs se sont incarnés en de jolis jeunes gens bien français, en pleine banlieue d'une campagne quelconque. On y trouve des HLM et des terrains vagues, des rivières entourées de nature à l'abandon, et des usines dans le fond. Nos dieux, demi-dieux, humains, sont cependant polis et déclament sans verlan.
Christophe Honoré filme généralement en plein milieu de Paris, rive gauche, de gentils snobinards pleins de soucis. Il atteint le dernier degré de la bourgeoisie hautaine, les dieux grecs. Le réalisateur prend cependant le contrepied de la situation, et balance ses personnages en plein quotidien ordinaire. Europe rencontrant Jupiter (dans son gros camion, huhu), ce dernier lui fait le récit de ses exploits et de ceux de sa femme aimante (= crampon) et terriblement jalouse. Les fables s'imbriquent à merveille et les historiettes ainsi contées révèlent un panel non exhaustif des récits d'Ovide.
La nature tient une belle part dans le film, mais la cité agitée également; les acteurs, quasi amateurs, font rapidement oublier leur texte maniéré par leurs manières modernes. Métamorphoses est une étonnante transposition de contes dans la réalité.
La nature tient une belle part dans le film, mais la cité agitée également; les acteurs, quasi amateurs, font rapidement oublier leur texte maniéré par leurs manières modernes. Métamorphoses est une étonnante transposition de contes dans la réalité.
Thomas Lilti, lui, s'inspire de sa propre expérience de médecin pour raconter l'histoire d'Hippocrate. Le jeune Benjamin est interne dans un hôpital public, dans le même service où son père officie. Trop de malades, pas assez de lits, une hiérarchie qui, pour empêcher toute erreur, et faire des économies, ne laisse pas libre à l'interprétation (entendons-nous bien, interprétation égale analyse directe) ses ordres ou ordonnances... Benjamin découvre un univers difficile, peut-être trop dur pour lui.
La réalité des situations aurait pu donner un côté ultra documentaire au film, d'autant qu'il aborde des sujets tels que la discrimination du service public envers les médecins étrangers. Le réalisateur n'est plus médecin, il est auteur, et cinéaste. L'histoire prime, c'est celle d'un jeune garçon un peu fanfaron qui grandit en quelques mois. Un vrai film d'apprentissage, genre de fiction qui a ses lettres de noblesses au cinéma. Le récit ne fait que s'appuyer sur le contexte bien connu du réalisateur, ancien docteur, pour balancer Benjamin dans le monde adulte.
Quatre films français en un seul mois, qui respirent tous la qualité. Si je dois repartir pour trouver cela en retour, je repars (ok, pas demain, laissez moi le temps de souffler).
Métamorphoses
de Christophe Honoré
avec: Amira Akili, Sébastien Hirel, Damien Chapelle,...
sortie française: 3 septembre 2014
Hippocrate
de Thomas Lilti
avec: Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin,...
sortie française: 3 septembre 2014
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