Laura et son amie Uzu ont décidé de participer au concours de Miss Basse Californie, concours de beauté qu'elles sont sûres d'intégrer grâce aux relations (compliquées) d'Uzu avec son petit ami et ses copains. Alors qu'elles sont toutes deux en discothèque avec ces derniers, et s'apprêtent à partir, des coups de feu éclatent. Laura voit et est vue par le gang qui embarque trois corps dans des sacs plastiques. Elle réussit à s'enfuir mais, sans nouvelles de son amie, demande secours à un policier... qui l'emmène droit à Lino, le chef de gang. Dès lors, Lino joue de l'envie de Laura de participer au concours de Miss Basse Californie, et l'utilise en échange de renseignements sur Uzu et une couronne en plastique.
Situé au Mexique, dans un milieu qu'on voit souvent au cinéma avec force de coups de feu et brutes sans cervelles, Miss Bala choisit une voie peu empruntée cinématographiquement. En prenant le point de vue d'une jeune fille manipulée contre son gré, trimballée autour de la frontière grâce à son minois innocent, on oublie le traffic de drogue qui sévit, la chaleur crasse de Tijuana, les gros bras et les règlements de compte. Laura ne sait pas du tout dans quelle galère elle est embarquée, et nous n'en saurons pas plus, si ce n'est que le bien combat le mal. D'un côté les méchants, qui se servent de Laura, de l'autre les gentils, invisibles si ce n'est parfois dans quelque coup d'éclat télévisé, et qui joue double jeu le plus souvent. Au beau milieu de ce manichéisme, Laura subit, tête baissée, et suit, sans chercher à comprendre.
Le film n'explique rien, mais montre ce qu'est une femme, dans cette guerre de cartels. Laura n'est qu'un objet. Son corps sert à passer de l'argent, ses mains prennent le volant pour ramener des munitions, son visage passe la frontière, ses fesses éventuellement assouvissent des désirs masculins. Elle-même cherchait, avant de tomber entre les mains de Lino, à se montrer en objet. Son envie de participer au concours de Miss Bala la propulsait reine des pots de fleurs...
J'ai du mal à m'attacher à un personnage si peu volontaire. Laura, dans sa vie tranquille, ne cherche pas plus loin que l'avenir qui lui est proposé, entre la vente de vêtements que son père gère, son amour pour son petit frère, son rêve futile de parader en robe longue sous les applaudissements. Alors qu'elle est prise dans le tourbillon des cartels, elle ne prendra que les mauvaises décisions: au lieu de se cacher, elle se jette dans les griffes de Lino; au lieu de s'enfuir, elle se réfugie dans un magasin de robes; au lieu de se débarrasser d'un téléphone qui le relie au chef de gang, elle y répond et se fait pister... Pas une seule fois Laura ne prendra une bonne décision, si tant est qu'on considère qu'elle prenne même une décision, bonne ou mauvaise. Laura est un objet, l'accepte et perpétue sa condition.
Le film se déroule sans trop de colère, sans trop de sang, à peine de la violence. Je suis plutôt une fille pacifiste, mais cette tranquillité dans un film de guerre de gangs me lasse rapidement, à l'image d'un personnage indécis, soumis pendant 90 minutes. J'ai eu envie de secouer Laura, de la réveiller, et d'accélérer le rythme d'une image aussi passive qu'elle.
Finalement, même en se plaçant du côté de la victime, et par les yeux d'une femme, le message qui aurait pu avoir une certaine forme féministe ne passe pas.
Finalement, même en se plaçant du côté de la victime, et par les yeux d'une femme, le message qui aurait pu avoir une certaine forme féministe ne passe pas.
Miss Bala
de Gerardo Naranjo
avec: Stephanie Sigman, Noe Hernandez, Lakshmi Picazo,...
sortie française: 02 mai 2012
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