Monday, May 21, 2012

Festival du cinéma chinois en France - Le règne des assassins, de Chao-Pin Su & John Woo - La rizière, de Xiaoling Zhu

Au Gaumont Champs-Elysées, puis à l'Action Christine, dans le 5ème arrondissement de Paris, et dans d'autres salles en France, on fête en ce moment le cinéma chinois. Ce sont des projections de films passés, des avant-premières, des rencontres, etc, qui sont proposées. Moi je dis, pourquoi pas. Le cinéma chinois est un genre un peu spécial. J'aime surtout la littérature chinoise, la description d'une vie soumise au labeur, et la condition de la femme dans la société traditionnelle. J'ai dévoré pas mal de romans de Pearl Buck, Américaine amoureuse de la Chine et ayant grandi là-bas. Sa littérature fleure bon l'eau-de-rose mais décrit aussi très justement une certaine Chine. Côté cinéma, je m'imagine des ninjas, des combats où la loyauté tue autant que le sabre. J'étais invitée à l'ouverture du Festival du cinéma chinois en France au Gaumont Marignan, où était projeté en avant-première Ce que pensent les femmes, de Chen Daming; j'ai également découvert en avant-première mais sur DVD le prochain film de John Woo, réalisé avec Chao-Pin Su, Le règne des assassins; enfin, et pas du tout dans le cadre du Festival, j'ai été voir La rizière, film de production française réalisé par une jeune femme, Xialing Zhu, qui rend hommage à ses origines chinoises, La rizière. Ces trois films très différents offrent un intéressant panorama du cinéma chinois d'aujourd'hui.


Ce que veulent les femmes? Ça vous rappelle un autre titre? Oui, il s'agit bien d'un remake du film de Nancy Meyers, sorti un 14 février 2001, Ce que pensent les femmes... Je ne vous raconterai pas grand chose du film, je ne l'ai finalement pas vu. Arrivée pile à l'heure à la séance, on ne trouvait pas mon nom sur ma liste, et on ne cessait de répéter autour de moi que le film avait déjà commencé en salle... N'ayant pas envie de me battre avec les listes de ces organisateurs, qui étaient désolés de la cacophonie totale qui régnait - je n'étais pas la seule à être refoulée -, j'ai baissé les bras. Je déteste généralement les remakes. Pourquoi refaire un film, s'il est déjà bon? Et pourquoi s'y intéresser, s'il est mauvais? Les Américains veulent souvent mettre leurs visages ronds et lisses dans leurs productions, plutôt que d'acheter des visages venus d'ailleurs; c'est à coup sûr de l'argent qui rentre avec des stars bankable et un scénario déjà rôdé. Mais il me paraît rigolo d'inverser les rôles, et de mettre Andy Lau à la place de Mel Gibson, et Gong Li en lieu et place d'Helen Hunt! Une romance moderne, un divertissement grand public, voilà un premier visage du renouveau du cinéma chinois.

Le règne des assassins est d'un tout autre genre, plus classique. Dans la Chine antique, un membre d'un célèbre groupe d'assassins s'enfuit avec la moitié du corps d'un maître de kung-fu... Il est dit que les deux morceaux du corps réunis permettraient à leur propriétaire de saisir les secrets du kung-fu. Les assassins de la Pierre noire cherchent donc activement ce bout de cadavre, alors que Zeng Jing ne cherche qu'à changer de vie et mener une existence tranquille. Si l'intrigue est sympathiquement menée, avec moults rebondissements, et un excellent dosage entre romance, combats d'épée, cruauté et sentiment de loyauté, la mise en scène est chaotique et rend le film incompréhensible dans son démarrage. Un montage parallèle extrêmement rapide, malgré des fondus à répétition et très lents, ne permettent pas de saisir l'histoire. Par la suite, le rythme s'effondre dans de longues séquences qui ne vont pas à l'essentiel. On se perd totalement entre les différents partis, et on ne sait plus qui a entre ses mains le cadavre. J'ai quasiment oublié la fin du film, et je ne sais absolument pas si ce pauvre corps qu'on se dispute donne au final un super pouvoir de kung-fu ou pas... Je me suis endormie et je n'ai pas arrêté le film avant la fin juste par conscience professionnelle - oui j'en ai une même quand je m'assoupis.


Je suis donc revenue au cinéma chinois avec La rizière, un film absolument pas programmé au Festival pour la simple et bonne raison que sa production est totalement française. Mais la réalisatrice, Xiaoling Zhu, est bien d'origine chinoise, et retourne en Chine pour s'y plonger totalement. La rizière se place du côté de la fiction, mais possède aussi un petit aspect documentaire, car il décrit parfaitement la vie d'une famille Dong d'aujourd'hui. A travers le regard d'une petite fille, qui tient rigoureusement son journal - rigueur toute chinoise, résultat d'une éducation et d'une culture -, on fait avec cette famille le tour d'une année, au fil des saisons et de la pousse du riz. Trois générations sont représentées. Le grand-père perd sa femme, qui décède en plein labeur. Les parents, exilés en ville où le travail est aussi rude et surtout difficile à trouver, reviennent pour aider à la rizière. La petite fille, elle, rêve d'un autre avenir, loin des champs qui ne permettent que de survivre, mais pas non plus comme ses parents qui triment finalement tout autant. Elle étudie alors dans l'espoir d'obtenir une bourse, de faire des études, et de sortir de sa condition de pauvreté. Elle incarne l'avenir d'une Chine sans cesse tirée vers l'arrière par les intempéries, l'obligation de répondre aux éléments de la nature, une Chine campagnarde, minoritaire mais qui est pourtant encore là, malgré l'immense expansion des villes et la formidable ascension économique du pays. La rizière est une belle plongée dans un paysage qu'on dit intact, mais qui est pourtant façonné par la main des paysans depuis des décennies, et une peinture contemporaine d'une Chine profondément enracinée dans ses traditions.


Trois portraits, trois points de vue bien différents, sont surtout les témoins de la richesse d'un cinéma chinois d'aujourd'hui, qui passe difficilement les frontières, mais vaut le coup d'être découvert.

du 14 mai au 12 juin 2012

Le règne des assassins
de Chao-Pin Su et John Woo
avec: Michelle Yeoh, Wang Xuexin, Barbie Hsu,...
sortie française: 01er juin 2012

La rizière
de Xiaoling Zhu
avec: Yang Yinqiu, Xiang Chuifen, Shi Guangjin,...
sortie française: 02 mai 2012

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