Monday, November 29, 2010

Outrage, de Takeshi Kitano

Ça commence avec la simple demande de son supérieur à Omoto, yakusa de son état, de rompre ses liens avec le chef d'un clan rival. Omoto lance alors le début des hostilités, pour faire croire à une brouille entre lui et son associé. Provocation pour provocation, offense pour offense, les yakusas des deux clans se renvoient la balle, s'envoient des excuses en forme de phalange coupée, se vengent et s'entretuent.



Takeshi Kitano est un personnage qui me fascine. Il y a en lui et dans ses films une ironie que nous autres Occidentaux ne pouvons saisir pleinement. Ses nombreuses facettes ne sont vraiment connues qu'au Japon, de même que l'ensemble varié et étendu de ses productions. Nous ne connaissons "que" Takeshi Kitano et Beat Takeshi, réalisateur et acteur. Il y a longtemps, je suis tombée amoureuse de ses réalisations, Aniki, Hana-Bi,... Ses derniers films - Achille et la tortue - m'ont surprise, voire déçue. Un nouveau pan de son univers s'offrait pourtant en même temps. Avec Outrage, Takeshi Kitano ouvre encore une nouvelle porte de son univers, et on ne découvre ni un nouveau Aniki, ni Takeshis'. Il y a un mix de ces deux imaginaires, du yakusa, de la poésie, et énormément d'humour, dans ce dernier film.


Outrage est difficile à comprendre entièrement tant il est découpé en un montage parallèle parfois extrêmement brutal. Les noms des protagonistes - parfois pas les plus évidents à retenir à nos oreilles occidentales - se mêlent à des systèmes hiérarchiques yakusas pas évidents à assimiler et en constante évolution. Un yakusa en tue un autre, et l'échelle entière s'ébranle, les rôles s'échangent, et les rapports ne sont plus les mêmes. Le réalisateur est probablement très droit dans ses choix et prend aussi certainement un malin plaisir à nous embrouiller. Car, ce qui compte par-dessus tout et au-delà de la compréhension du système, c'est l'absurdité de cet enchaînement massif de meurtres et autres règlements de compte, doigts qui se coupent et sommes d'argent offertes et dérobées. De ce bain de sang, Takeshi Kitano s'amuse énormément.


On a beau fermer les yeux à demi, plisser les paupières et crisser des dents, on ne peut s'empêcher de se satisfaire également de ces coups de feu, coups de pieds donnés à un homme à terre, de ces femmes violentées et laissées sanguinolentes, de ces cutters rouillés, etc etc... Car l'accumulation et les réponses au coup pour coup sont violemment surprenantes, et leur accumulation devient jouissive. Il manque clairement une ligne claire, une histoire, et une identification aux personnages. Mais ce dernier opus de Takeshi Kitano a le mérite d'être parfaitement réalisé et de faire rire de son atrocité, et le retournement de l'entière situation de départ qui conclue le film est bien amenée.


Outrage
de Takeshi Kitano
avec Beat Takeshi, Jun Kunimura, Ryo Case,...
sortie française: 24 novembre 2010

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