Thursday, August 25, 2011

La piel que habito, de Pedro Almodovar

Un chirurgien expose les résultats de ses recherches au monde scientifique: il a réussi à greffer une peau de cochon sur des souris, peau épaisse et résistante qui permettrait à l'homme d'améliorer son système immunitaire... Un seul homme comprend les implications de ces recherches et se doute que Robert Ledgard, depuis sa clinique privée dans son domaine protégé des regards, tente des expériences de transgenèse. Effectivement, derrière les murs, sous clé, se cache Véra, une femme au corps impeccable qui vit dans sa combinaison moulante destinée à soutenir ses formes qui cicatrisent doucement. Marilia, la domestique, est la seule à connaître son secret. Proche de Robert depuis sa naissance, elle le protègerait contre tout, et surtout contre cette Véra qui lui rappelle étrangement Gal, la femme décédée de Robert. Véra souhaite par-dessus tout sortir de sa prison dorée; Marilia se méfie d'elle; Robert succombe au charme de son étrange patiente; et surgit Zeca, le fils de Marilia, brute et voleur, qui va bouleverser les rôles dans la maison.


J'ai vu un bon nombre des films de Pedro Almodovar, réalisateur chéri de bien des gens. Sans contester son talent, je n'ai jamais non plus été totalement emportée par ses réalisations. C'est un excellent réalisateur à l'esthétique et aux préoccupations très personnelles, qui sont cependant assez loin de mon propre univers. Encore une fois, il livre donc un film très réussi, explorant le thème de la sensualité, du sexe et des relations hommes/femmes, non seulement entre eux mais réunis en un seul corps. Joli sujet, joliment traité, qui ne me transporte néanmoins toujours pas vraiment.


Le film m'a trèèèès vaguement rappelé le thème d'Antichrist, de Lars Von Trier - film sur lequel je n'ai rien écrit, mais énorme claque. Le thème de la folie y est aussi traité, sous couvert de visages radieux et d'apparente normalité. Les personnages semblent parfaitement fréquentables, reconnus dans la société, bien sous tous rapports. Et pourtant, dans un coin reculé de la civilisation, ils sont les acteurs d'un véritable cauchemar et s'abandonne froidement à leur folie. Almodovar et Von Trier n'ont pas grand chose en commun si ce ne sont les grandes lignes de ce pitch. Mais là où Von Trier réussit à me parler, c'est dans sa construction labyrinthique, jusqu'au superbe retournement final; il s'enfonce toujours vers le pire. Almodovar est nettement plus linéaire, malgré une construction en flash-back. On devine assez aisément les ficelles, et qui les tire et où cela va nous emmener. Ce n'est pas désagréable, mais je suis alors l'action d'un œil plus détaché que si j'étais surprise.


Les corps exposés en permanence, dans les tableaux, ou celui de Véra regardé comme une œuvre d'art, la blancheur des murs, la froide ambiance du labo du Dr Ledgard... tout cela est trop esthétisant, et on perd cette notion de lâcher-prise qui, selon moi, caractérise tôt ou tard la folie. Un esprit psychopathe ne peut rester de bout en bout fort et fixé vers son objectif; si les évènements sortent soudain de leurs rails le petit train-train qu'il s'est fixé, il devrait y avoir un boulon qui saute, non? Almodovar aime trop la joliesse et la propreté de chacun pour aller vers ces chemins-là.


Voilà donc encore un réalisateur qu'il est difficile de ne pas aimer - avec Woody Allen, mais je crois que c'est plus simple avec ce dernier qu'avec Pedro Almodovar - et pourtant... j'assume, je ne suis définitivement pas dingue d'Almodovar. C'est dit.



La piel que habito
de Pedro Almodovar
avec: Antonio Banderas, Elena Anaya, Jan Cornet,...
sortie française: 17 août 2011

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