Le Crazy Horse, mythique pour certains, infiniment commun pour d'autres, existe depuis 1951 et propose un spectacle de danse nu qui se veut le plus distingué au monde. Frederick Wiseman a posé sa caméra durant onze semaines au milieu des répétitions, des réunions de travail, des essayages de costumes, des discussions de metteurs en scène, au Crazy Horse. Il a filmé la danse, mais pas seulement; il montre également des egos, de la création, soumise aux contraintes de production.
Je me suis rendue compte que j'avais déjà vu un documentaire de Frederick Wiseman, La danse. Et j'avais déjà noté tout ce qui m'a déplu dans Crazy Horse, cette plongée trop muette dans un univers, ce manque d'explications, de fil rouge et de point de vue. Si La danse m'avait cependant plu, c'est que l'ambiance de l'école de danse de l'Opéra de Paris me fascine. Le Crazy Horse est bien loin de diffuser le même mystère intouchable. Je suis moins sensible à ce spectacle pour petits bourgeois et provinciaux montés à Paris, à ce décor de sous-sol qui n'arrive pas à s'élever au-dessus de celui d'un sex-shop, malgré cette grande volonté de distinction. Attention, le spectacle proposé dans le film de Frederick Wiseman n'est pas de bas étage. C'est juste ma propre corde qui ne vibre pas au diapason.
N'étant pas sous le joug de cette manifestation artistique, j'ai eu du mal à vraiment apprécier pendant deux heures ce qui m'a semblé être un amas d'images sans grande cohérence. Frederick Wiseman est trop discret. Il se fait petite souris, et regarde, sans rien commenter, sans que ses images captées pourtant dans l'intimité de ce lieu sombre racontent vraiment une vie souterraine. Pas de parti pris, pas d'engagement, il faut juste se laisser emporter et trouver cela beau.
De la beauté, il y en a aussi, et la représentation du soir, en elle-même, est vraiment belle, toute tournée vers le désir, les fesses rebondies des danseuses et leurs mimiques coquines. C'est bon enfant, joli comme une mer de culs en ombres chinoises... Mais deux ou trois clichés qui subliment des corps ne font malheureusement pas un film, et sur la longueur, on s'ennuie.
Crazy Horse
de Frederick Wiseman
sortie française: 05 octobre 2011
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