1910, Paris est inondée, la Seine déborde de son lit. Les Parisiens construisent des passerelles de bois, la Tour Eiffel baigne les pieds dans l'eau, et Montmartre surplombe l'océan qui noie la ville. Lucille remplit les salles dans un cabaret de la rue Francœur. Son amoureux d'enfance, Raoul, parcourt la ville dans son automobile nommée Catherine, livrant champagne et poules. Emile, projectionniste timide n'osant pas déclarer sa flamme à la jolie caissière, Maud, est témoin d'une étrange explosion engendrée par Raoul, un soir qu'il l'accompagne livrer un célèbre botaniste/inventeur au Jardin des Plantes. De cette explosion naît un monstre, une puce géante folle de chansons, qui réunit tous les héros autour de la musique, et permet également au préfet de la ville, Maynott, de détourner l'attention des Parisiens de l'inondation contre laquelle il ne veut pas dépenser un sou.
Je parlais de l'animation française il y a peu. Voilà encore un bel exemple de ce qu'on peut produire sans budgets faramineux, et avec un talent indéniable. La production d'Un monstre à Paris a traîné en longueur, mais le résultat est bien là, distribué dans un plus grand nombre de salles que The Artist, et complet bien souvent. Visuellement, c'est splendide, et Paris sous l'eau est merveilleuse; c'est un regard d'autochtone sur une ville bien souvent maltraitée par les étrangers, qui y imaginent des gens tous vêtus de marinières, portant béret sur la tête, baguette et saucisson sous le bras et jouant de l'accordéon... Même les personnages, généralement lisses et plastifiés par la 3D, ont une superbe tessiture. Je n'ai pas vu le film en relief, et je ne pourrais donc pas juger ce résultat là, ayant préféré une séance sans supplément et sans mal de crâne...
On pêche malheureusement, comme souvent, au niveau du scénario. Les coupes budgétaires se ressentent souvent dans l'animation française par une subite incapacité à financer une scène prévue au scénario; il faut donc raccorder deux morceaux de films en ôtant de petites choses ici et là, qui empêchent de développer certains aspects du film. Comme on oublie aussi très souvent d'être simple, et qu'on a six personnages principaux, quatre histoires d'amour, un mystère, un engagement politique, un engagement artistique, et une ribambelle de personnages secondaires... on perd beaucoup de force. Le déroulé du film est sympathique, entraînant, et les numéros chantés absolument charmants; mais, soudain, on ne sait plus qui aimer, à qui s'attacher, qui suivre. Doit-on s'émouvoir, ou être dans le feu de l'action? Doit-on verser une larme d'émotion ou serrer les fesses à l'idée d'une catastrophe? Emile réussira-t-il à se déclarer à Maud? Raoul transformera-t-il la haine en amour? Maynott deviendra-t-il un dictateur, le monstre saura-t-il se faire aimer, est-il aussi amoureux, et Lucille voit-elle le cœur sous la carapace de la bête?
J'aurais souhaité plus de simplicité dans le scénario, avec ces clins d’œil de temps en temps, comme le personnage du voleur, drôlissime de redondance utile. La seule attirance de Raoul pour Lucille aurait suffit aux petites filles, tandis que l'extraordinaire aventure de la puce devenue géante enthousiaste les petits garçons. Emile et Maud, Lucille et la bête, Maynott et Lucille, Maynott et son ambition, auraient pu tous avoir des rôles plus petits, à la hauteur d'un budget à la française.
Un monstre à Paris montre tout de même une superbe maestria de l'animation française, et, associant M et Vanessa Paradis au projet, une jolie créativité. C'est tout de même un film pour les enfants, et il ravira les petits, un peu moins les grands!
Un monstre à Paris
de Bibo Bergeron
avec: Vanessa Paradis, M, Gad Elmaleh,...
sortie française: 12 octobre 2011
No comments:
Post a Comment