Nigel Slater est aujourd'hui un cuisinier reconnu. Pour en arriver là cependant, il a du grandir dans les années 60 en Grande-Bretagne, loin de l'avant-gardisme londonien, à Wolverhampton, et passer outre les moqueries de ses camarades de classe option "tâches ménagères". Sa famille caractérise parfaitement l'époque. Sa mère est femme au foyer et ne se risquerait jamais à acheter des produits frais, ravie de cette formidable invention qu'est la conserve; son père rentre du travail en rouspétant, se met les pieds sous la table et refuse toute nouveauté. Dans ce contexte, le petit Nigel trouve le bonheur en observant le travail de Joshua, le jardinier. Mais Joshua renvoyé, la mère de Nigel décédée, le garçonnet se retrouve coincé entre un père difficile à aimer, et une bonne à tout faire décidée à épouser ce dernier, attaquant par l'estomac.
Les films italiens et britanniques sont ceux que je vais souvent voir sans me poser trop de questions. Poser sa caméra dans une banlieue de Londres, ou dans une petite ville anglaise est souvent gage de qualité, à cause de cette tradition de parler social qu'a le cinéma britannique. Malheureusement, j'oublie parfois que cet engagement, s'il réussit particulièrement à Ken Loach ou à Mike Leigh, n'est pas forcément le mot d'ordre de tous les cinéastes de cette nationalité. Il y a aussi que j'aime bien les films qui parlent de nourriture; le thème est léger, appétissant, et le propos pas forcément passionnant, mais on passe généralement un moment délicieux. Toast ne réussit ni dans la première catégorie, ni dans la seconde; enchaîne les clichés; ne rentre jamais dans le vif de son propos.
Je voulais un petit garçon révolté par les "plats" "cuisinés" par sa mère; un adolescent face aux huées de camarades déjà conservateurs; un jeune cuistot dans la réalité d'une cuisine de restaurant. On reste dans l'enfance, on s'étale sur une gaucherie qui rend difficile à croire l'émancipation de Nigel à la fin du film. Bourré de contradictions, Toast ne permet pas de comprendre et de s'attacher à son personnage principal. Nigel est dégouté par les conserves, mais ravi de se nourrir de pain beurré; malgré la répugnance de ses parents pour les produits frais, ce couple middle class emploie un jardinier pour s'occuper de leur potager; Nigel oscille en permanence entre amour timide et haine peu durable pour un père somme toute pas désagréable. S.J. Clarkson, habitué au format court de la série télévisée, n'ose pas développer son scénario alors que le temps lui est offert.
La tendance homosexuelle de Nigel, ressentie dès son enfance, est également aussi montrée, mais jamais réellement de front. L'attirance de Nigel pour Joshua est peu subtile, mais pas franchement développée non plus.
Reste sa relation avec la bonne, incarnée par une Helena Bonham Carter toute en décolletés plongeants, bas et jarretelles, cigarette au bec. Encore une fois, malgré cet engagement physique, impossible de connaître le fond de ses pensées, comme si la surface suffisait au personnage. La seule petite chose un peu intéressante a été cette compétition - timide, encore une fois - instaurée entre la belle-mère en devenir et le petit garçon devenu adolescent; plutôt que de trouver une muse, un modèle, dans cette nouvelle venue dans sa vie, Nigel fait effectivement tout pour la devancer, l'espionner, lui voler ses secrets.
Avec cette matière, il y aurait eu de quoi faire un film drôle/émouvant/percutant. La timidité est cependant le maître mot de ce film qui ne décolle jamais.
Toast
de S.J. Clarkson
avec: Oscar Kennedy, Freddie Highmore, Helena Bonham Carter,...
sortie française: 5 octobre 2011
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