Après avoir réussi le tour de force d'éliminer la vermine au sein d'un immeuble désaffecté, Rama pense que le cours de sa vie va être plus tranquille. Mais la police lui demande d'infiltrer les rangs de Bangun, un des deux boss du crime qui sévissent à Jakarta. Bangun et son adversaire principal, le Japonais Goto, ne s'entendent pas trop mal et se partagent le terrain sans encombre depuis dix ans. Cependant, la police souhaite identifier les flics véreux qui leur prêtent main forte. Rama commet donc un crime pour être emprisonné et se rapprocher du descendant direct de Bangun, Uco.
Le scénario est celui d'un classique film de mafieux hong-kongais, qu'on pourrait facilement rapprocher d'Infernal Affairs. Un policier risque sa vie et celle de sa famille, pour se rapprocher au mieux et devenir indispensable à un mafieux; son parcours va donc débuter par le bas, et le danger augmentera au fur et à mesure qu'il accède au pouvoir. L'histoire ne dira pas, en fin de compte, où sont les flics véreux; on oublie rapidement la mission de Rama, pour se concentrer uniquement sur les risques qu'il court.
Et côté danger, Gareth Evans sait faire montrer la pression et gérer le stress, sur les deux heures trente minutes que dure le film. Les scènes d'action s'enchainent, toutes plus violentes les unes que les autres, spécialisées aussi: tel personnage manie le marteau comme personne, l'autre les kerambit, ou bien la batte de base-ball... Si une arme de prédilection est parfois utilisée, chacun maîtrise aussi et surtout les arts martiaux. D'ailleurs, le combat le moins réussi est celui qui se déroule lors d'une course de voiture: le réalisateur semble moins bien gérer les machines que les corps. Comme dans le premier volume, les combats sont spectaculaires et chorégraphiés à la perfection. Gareth Evans, sans contrainte de budget cette fois-ci, s'autorise tous les jaillissements de sang qu'il désire, et exploite ses décors au maximum, de manière systématique: si un combat se déroule dans une pièce, vous pouvez vous attendre à ce qu'il ne s'arrête pas avant que cette pièce soit entièrement ravagée. Si cette pièce est une cuisine, tout sera utilisé, des feux à la cave.
Heureusement, un montage parfaitement rythmé aide le spectateur à apprécier ces effets de style. Le combat le plus long sera toujours suivi d'une explosion de violence plus brève et intense, et autorise quelques moments de rires nerveux, à la mort d'un adversaire grandiose, ou en introduction d'une situation particulièrement risquée. Au sein de chaque scène, le montage ultra cut, saccadé, qui prend toujours les personnages dans leur mouvement, témoigne de la préparation intense de toutes les images.
Si on a le souffle coupé en permanence, par la beauté des décors, le rythme, et les combats, il manque cependant à The Raid 2 ce petit plus; le premier film de Gareth Evans mettait en avant un vrai concept, celui d'un huis-clos et d'une montée en puissance au fur et à mesure que Rama grimpait véritablement les étages d'un immeuble; dans un scénario plus classique, où les échelons du pouvoir n'ont plus de représentation concrète, il est dommage de ne rester que sur le spectacle, et de ne pas voir plus profond dans l'histoire. Et je dois avouer que je ne vais pas au cinéma pour voir un simple spectacle de danse, aussi bien chorégraphié soit-il...
The Raid 2: Berandal
de Gareth Evans
avec: Iko Uwais, Arifin Putra, Tio Pakusadewo,...
sortie française: 23 juillet 2014
sortie australienne: 28 mars 2014
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