Tuesday, November 11, 2014

Interstellar, de Christopher Nolan

La Terre se meurt lentement. Pour parer à ses besoins les plus immédiats, toutes les ressources gouvernementales se tournent vers l'agriculture. Par un phénomène inexpliqué mis à jour par sa fille, Cooper, ancien pilote astronaute devenu fermier, découvre néanmoins que la NASA développe encore le secret espoir de transporter l'humanité dans une autre galaxie. Cooper laisse derrière lui ses deux enfants sous la garde de son beau-père et part à la découverte de nouveaux mondes.



Cent soixante-neuf minutes, quasiment trois heures de film, pas une minute d'emmerdement. Ces chiffres résument mon degré de passion pour Interstellar, moi qui suis absolument intolérante quand il s'agit de ne pas se dégourdir les jambes pendant une après-midi entière. Certes, le confort du 1er rang au balcon du Max Linder a joué en la faveur de Christopher Nolan. Mais quand même, mon enthousiasme est grand.


Il y a bien longtemps qu'on n'a pas vu un film de science-fiction de cette envergure, avec des robots, des bonds dans le temps et dans l'espace, une cinquième dimension... Non, Gravity, dernièrement, n'était pas à la hauteur. C'était un excellent film, qui imaginait certes des balades dans l'espace un peu à la légère, mais la mission de Ryan Stone était de la routine, pas une vraie anticipation. Interstellar se place tout de go dans un futur pas si lointain mais pas contemporain ; la situation de la Terre et des humains a changé. La mission de Cooper est bien de sauver l'humanité, aux dépens de sa propre vie. Pour voyager dans l'espace, il faut voyager dans le temps. Reviendra-t-il dans quelques mois, ou dans des dizaines d'années, et à quelle échelle ce temps sera-t-il mesuré ? A celle de la Terre ou celle des planètes qu'il visitera ? Ces enjeux sont dignes d'un 2001, l'Odyssée de l'espace, auquel je n'osais imaginer qu'Interstellar puisse se comparer. Le film relève le défi, haut la main, en réactualisant non pas le propos, sans cesse renouvelé, de la science-fiction, mais en mettant un jour une image époustouflante.


Christopher Nolan donne pourtant à cette image un cachet désuet. Tourné en 65mm IMAX et en 35mm, le film comporte les défauts propres au film argentique et qu'il est bon de retrouver à l'écran (merci encore le Max Linder de diffuser en 35mm). C'est sans doute (que le réalisateur aime ce format) que, à l'image des humains, obligés de redevenir cultivateurs et de laisser la technologie de côté, le film argentique se fait le reflet de ce passé. Ou pas du tout, c'est juste que mon instinct de monteuse aime la pellicule. N'empêche, c'est drôlement beau, cette image.


L'histoire est aussi merveilleusement bien fichue, abordant tous les thèmes SF chers à mon coeur sans oublier de laisser la place majeure aux personnages et aux relations humaines. Les deux enfants, faces contraires et complémentaires d'une même image, celle de leur père, la manière dont le scénario boucle sa fin sur son début... il y a bien évidemment quelques détails sur lesquels je pourrais être plus critique, comme la trahison grosse comme une planète d'un personnage, ou la fin à rallonge sur laquelle tu sens les financiers derrière les scénaristes ("Et Truc, on peut savoir ce qu'elle est devenue ? Et Machin, il lui faut aussi sa conclusion"), mais dans l'ensemble, si je ne me suis pas embêtée pendant trois heures, c'est qu'il faut se faire une raison : Interstellar est un film génial.


Interstellar
de Christopher Nolan
avec: Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine,...
sortie française: 5 novembre 2014 

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