Le Classics Challenge est une proposition, qui diffère de toutes les courses, rallyes, brevets, etc cyclistes. Paris, point de départ d'un bon nombre de tracés mythiques au fil des ans, met à portée des villes, à 140, ou 270 kilomètres. Sur ces parcours, voici les images et les récits des 5 propositions de cette première saison du Classics Challenge, avec mon équipe, les CSP Garrigou.
La boucle, le 8, on a même vu des bouclettes, à Coubron. Rouler en
Ile-de-France, c'est partir d'un point et y revenir, en faisant des détours, pour éviter la monotonie d'une ligne parcourue dans un sens puis dans l'autre. On se lève tôt, on échappe aux voitures ; on n'évite jamais en fin de parcours les pots
d'échappement des motorisés enfin réveillés, qui prennent aussi
les routes. Vers Ikéa ou pour le repas dominical chez les beaux-parents,
ils sont déjà agacés par la perspective de leur destination. Nous avons
profité des routes plus ou moins désertes selon l'époque de l'année,
routes usées sous nos pneus, nos roues qui les connaissent déjà pour les
parcourir inlassablement chaque week-end. Au plus loin où on part, il y a
le petit café au comptoir, la limite avant de reprendre le chemin du
retour. Le quotidien hebdomadaire du cycliste, c'est un aller-retour.
Paris-Amiens,
le dernier jour de juillet. On se retrouve à 7h avec une excitation
différente. On va quitter Paris et ne pas y
revenir, pas tout de suite, pas dans deux heures. Plus tard. La
banlieue, de ce côté (on part vers le Nord), est plus jolie, ou c'est la
perspective de la quitter. En longeant la Seine, St-Denis et Epinay
font oublier leurs tours. On laisse derrière nous la périphérie
parisienne, et la forêt de Montmorency sonne le début d'une hostilité
joyeuse, avec une côte qui grimpe longtemps. On la laisse derrière,
elle aussi. On laisse tout derrière, et on va au Nord, encore. A
Beauvais, une pause cathédrale-crêpes. On s'en va, on laisse aussi
derrière nous une jolie ville, parce qu'elle est loin de
l'Ile-de-France. J'ai oublié de charger des fonds de carte au-delà d'un
certain point, et mon Garmin ne comprend plus. Je suis une petite ligne
toute droite qui sépare mon écran en deux. Cet écran ne montre plus les
routes et j'avance.
Elles se dessinent toujours
devant, elles sont bien là, les routes. La route, celle qui va à Amiens.
Il y en d'autres, mais celles qu'on suit est la notre, donc la bonne.
On va au Nord, le vent vient "de par-là, et un peu par-là aussi", me
décrira Laurent plus tard. Il me dessine une carte de France imaginaire
et des directions, du Nord/Nord-Ouest. De la mer donc, il vient le vent.
La mer qu'on n'imagine pas depuis Paris, elle vient à nous, quand on est plus haut,
plus loin. Elle nous apporte, avec son vent, de bonnes bourrasques en
pleine face. Et une averse alors qu'on traverse des routes sans aucune
protection, seulement ceux qui roulent devant, et ça ne protège pas vraiment
de la grêle. Dix minutes et la pluie passe, ou alors nous sommes passés
en-dessous, et on l'a laissée derrière, comme le reste. La route
devant nous fume, évapore l'eau tombée, en nuages qui remontent vers nos
pédales.
Amiens, enfin. Enfin ? Une deuxième
cathédrale à admirer, est-ce qu'on ne repartirait pas encore plus loin ?
Le train nous ramène sur nos pas, retour à Paris. La boucle se ferme,
mais entre-temps, on est allé quelque part.
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