Le docteur Lawrence ne rentre pas chez lui un soir précédent Noël. Le directeur de l'hôpital psychiatrique dans lequel il travaille souhaite avant tout interroger le dernier patient vu par Lawrence. Le docteur Green rencontre donc Michael, sous la surveillance de l'infirmière Peterson, qui connait l'esprit retors du malade.
L'intrigue pourrait être réduite à ce huis-clos entre le Docteur Green et Michael, comme c'est peut-être le cas dans la pièce de théâtre dont le film est tiré. L'auteur de la pièce, Nicolas Billon, a lui-même adapté son œuvre en scénario pour le cinéma. Le film se déroule donc en partie dans une pièce, le bureau du Docteur Lawrence. La porte sans cesse refermée au nez de l'infirmière, dissimule les deux personnages principaux et les maintient dans une proximité malsaine, malaise renforcé par l'insinuation d'attouchements, ou de romance, par Michael.
Le patient en sachant apparemment plus que Green à propos de la disparition du Docteur Lawrence, l'interrogatoire tourne dès le début à son avantage. L'infirmière nous a prévenu, comme elle prévient le Docteur Green, que Michael n'est pas n'importe quel malade. Le Docteur Green se jette tête baissé dans le piège et se fait manipuler, permettant ainsi au spectateur de s'insinuer dans l'intrigue en prenant partie, pour blâmer cet imbécile de Docteur Green, avoir peur pour lui. Le retournement des positions dominé/dominant qui soulage enfin, ne durera pas. L'ultime pirouette de Michael surprend cette fois-ci autant Green que le spectateur. Ce scénario au déroulement impeccable ne fait cependant pas confiance entièrement entre la relation triangulaire Green/Michael/Peterson, et s'échappe du huis-clos par des incursions dans différents espaces-temps.
Le film se construit effectivement sur une enquête policière, qui ne se demande pas où est le Docteur Lawrence, mais a une autre finalité qu'on ne découvrira qu'à la fin. L'enquête a donc lieu après la rencontre Green/Michael, et le Docteur Green et l'infirmière Peterson, interrogés, se remémorent le matin avant la rencontre. On a donc trois temporalités, centrées sur la rencontre Green/Michael. Ces différentes temporalités introduisent de nouveaux personnages, et font s'éparpiller l'intrigue en ajoutant des détails. Si on suppose une relation passée entre Green et Peterson, celle, au présent mais défaillante, de Greeen avec une autre femme, et de Green avec sa nièce, qui de plus est handicapée mentale, alourdit tout son passif. De même, l'intimité que peut se permettre l'infirmière Peterson avec Green, et sa culpabilité qui l'éloigne de lui et la retient de dire clairement ses pensées, est soulignée par son incapacité à communiquer avec la nouvelle compagne de Green. Ces détails de la relation Green/Peterson perdent toute subtilité.
Sans compter que les incursions dans l'enquête, ou auprès de la compagne de Green et de la petite nièce, nous sortent du bureau du Docteur Lawrence, et enlèvent donc la proximité et le malaise créés par le huis-clos entre deux personnages.
Malgré quelques inutiles détours, le film reste percutant, notamment grâce à le performance des trois acteurs principaux : Xavier Dolan est parfait dans le rôle du patient manipulateur sûr de lui et intelligent, Bruce Greenwood engoncé dans son costume de directeur ayant perdu contact avec l'humain, et Catherine Keener blessée dans féminité.
La chanson de l'éléphant
de Charles Binamé
avec :
Bruce Greenwood,
Xavier Dolan,
Catherine Keener,...
sortie le : 3 août 2016
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