Tuesday, February 26, 2013

Flight, de Robert Zemeckis

Whip Whitaker se réveille ce matin là avec la gueule de bois, auprès de la jeune hôtesse de l'air avec qui il passé la nuit. Whip est pilote de ligne, et malgré l'alcool, malgré la drogue, il réussit ce matin l'exploit de poser son avion presque sans dégât suite à un souci mécanique. Il est le seul qui a pu réussir à sauver 96 âmes sur les 102 qui voyageaient derrière lui. Malgré tout, il devra répondre de sa dépendance à l'alcool auprès des autorités.

Avant d'aborder le sujet même du film, on ne peut pas faire l'impasse sur la petite demi-heure qu'on passe dans l'avion. Les turbulences, d'abord, et puis la panne, la chute, l'incroyable et fantasque prise de décision du pilote de retourner l'avion, le crash, enfin. Pendant ces minutes folles, à déconseiller à tous les angoissés de l'air, la caméra se heurte aux vitres de la petite salle de pilotage, ou prend dans sa longueur l'allée des passagers. D'un côté, le visage calme, concentré ou inconscient de Whip; de l'autre, la panique de son co-pilote. J'ai littéralement subi la pression du vol, enfoncée dans mon fauteuil de cinéma, durant ces minutes. Monté en parallèle avec l'anxiété d'une jeune héroïnomane cherchant sa came, se shootant, enfin, s'accordant le repos d'une minute, avant l'overdose, cette séquence est presque un trip de drogué, une fantaisie de l'esprit.


On conserve par la suite la même dualité incessante. D'un côté, Whip, tout alcoolique qu'il est, a sauvé des vies. Sobre, il perd son pétillant; saoul, il devient pathétique. Entre les deux, on oscille; il est drôle, son visage s'illumine, il devient conscient, et c'est sa figure quotidienne, qui transparaît. Obligé de mentir, pour cacher son véritable état, il a l'air plus normal que tout le monde, heureux et équilibré. Il est pourtant tiraillé. Le spectateur, tout comme Whip, suit une évolution toujours extrême. Quand il jette à la poubelle, et vide dans l'évier toutes ses bouteilles, on veut, comme lui, guérir. Et lorsqu'il reprend, on envoie aussi tout valser, notamment les mauvaises langues qui ne voient en lui qu'un drogué, pas un héros. Son exploit lui donne, en quelque sorte, le droit de continuer à boire.


Dans cette psychologie déjà complexe, est intégré un autre élément, plus philosophique moins bien intégré à l'histoire. Sont ressassées des idées de libre arbitre ou de destin, infligé par Dieu lui-même (avec une majuscule, tel que Le voient les personnages du film). Quelques scènes, hystériques dans leur rapport à leur religion, me dérangent. Le scénario aurait pu se débarrasser de quelques éléments, ceux en rapport avec Dieu, tout comme les séquences où Whip va revoir son ex-femme, et son fils qui le renie (ok, sauf cette dernière scène... no spoil, mais très belle).


Il y a déjà beaucoup à montrer, ou à suggérer, avec un questionnement du paraître social et d'une personnalité transmutée par l'alcool. Et l'histoire d'amour naissant entre ces deux masochistes, Whip et Nicole, qu'il rencontre à l'hôpital après le crash donne suffisamment de romantisme au film. Le film aurait donc mérité d'être nettoyé de parasites, qui viennent alourdir un sujet déjà fort; mais rien que pour les trente première minutes, le voyage vaut ces détours.


Flight
de Robert Zemeckis
avec: Denzel Washington, Kelly Reilly, Don Cheadle,...
sortie française: 13 février 2013

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