Wednesday, February 20, 2013

Platoon, d'Oliver Stone - Films de guerre, films de filles

Guerre du Vietnam. Chris Taylor a quitté son high school, la sécurité qu'il avait, pour s'engager dans l'armée. Il se retrouve à la frontière de la Colombie, avec d'autres qui eux, n'ont pas demandé à participer à cette guerre. Bleu à son arrivée, il sympathise avec les vétérans et s'intègre, au fur et à mesure que le combat se fait plus présent, la pression plus forte.

Je ne vais pas rédiger une vraie critique d'un film que, je l'espère, tout le monde a déjà vu. C'est sans doute le meilleur film de guerre que j'ai jamais regardé. Les films de guerre, en fait, c'est comme les magazines féminins. La vraie cible d'audience n'est pas celle qu'on suppose. Les filles adorent les films de guerre, plein de mecs virils et aux t-shirts souvent déchirés. Ils ont toujours une petite amie qui les attend quelque part, éplorée, et regardent une photo conservée précieusement dans leur porte-feuille; ils ont beau rêver de corps féminins, peu présent dans leur camp, et rire grassement à l'évocation de sorties en ville, ils sont romantiques... Comme les films de guerre, c'est pour les filles, je n'aime pas trop ça. Le soldat Ryan, tout ça, ça n'a jamais été mon truc. Par contre, Apocalypse now, ou maintenant Platoon, voilà des œuvres qui remettent les films de guerre à leur place, sans entacher le scénario par la romance.


Voire même, sans entacher le scénario par rien du tout. Je mets pour le moment de côté Apocalypse now, j'y reviendrai plus longuement, j'avais juste envie de le citer dans cette petite review. Je dis souvent, notamment dans mon boulot - pas forcément en critiquant de grands scénaristes de film -, qu'un scénario se perd trop souvent dans d'inutiles méandres. J'aime la simplicité de l'intrigue, un pitch qui peut se résumer en deux lignes. C'est avec une problématique très basique qu'on peut développer à fond la psychologie des personnages. Si on multiplie les rebondissements, on peut éventuellement faire rire, ou embarquer le spectateur dans l'action à 100 à l'heure, mais on lui fera surtout oublier l'essentiel. 


Platoon suit cette logique de simplicité. Le héros commence en ne sachant rien de la guerre, il comprend progressivement les enjeux, et l'action suit elle aussi une courbe ascendante sans dents de scie. On passe de la platitude d'un quotidien au camp, au terrain et aux coups de feu, jusqu'aux combats chaotiques et globaux. L'évolution est constante, et extrêmement lisible, autant dans l'action que dans l'engagement psychologique des personnages. Et rien ne nous détourne jamais du sujet, la guerre, la guerre, toujours la guerre.


Je méprise aussi très souvent l'action foutraque et les cuts rapides. Dans une scène d'action, la mise en scène préfère rendre confus les placements des personnages, passer à droite, à gauche, souvent dans un enchaînement trop rapide de gros plans, que de rendre le combat lisible; ça permet plus d'impact, et une bonne explosion bruyante rend souvent la scène plus impressionnante qu'un coup bien placé. Histoire de me contredire parfaitement, Platoon joue de son décor forestier et de la nuit pour cacher et rendre l'action confuse. Mais cette fois, cette mise en scène, qui contrebalance la sobriété de l'histoire, en allant dans le sens de cette dernière, me plaît énormément. Elle est une représentation concrète de l'état d'esprit des personnages, perdus dans la jungle, contraints à un combat qu'ils savent perdu.


Au final, je me moque un peu en disant que les films de guerre, c'est généralement des films de filles; mais Platoon, en misant tout sur l'intériorité de ses personnages, fait peut-être encore plus dans le cliché féminin. D'autant plus que son casting est joli à regarder (Johnny Depp, Forest Whitaker,...). C'est surtout un film génial pour tout le monde, et une petite citation pour finir:

It's a lovely fucking war. Bravo Six out.
Sergent Barnes


Platoon 
d'Oliver Stone
avec: Charlie Sheen, Tom Berenger, Willem Dafoe,...
sortie française: 1987

No comments: