Cette semaine, le Balzac ferme ses portes. Voici le communiqué officiel publié sur le site de cette salle indépendante des Champs-Elysées, que je pense bon de partager ici aussi:
COMMUNIQUE DE PRESSE (9 décembre)
L'année 2011 se termine très mal au cinéma Le Balzac. A fin novembre,
nous totalisons 10% d'entrées en moins par rapport à 2010, année qui
était déjà assez mauvaise. Notre problème : nous n'avons plus accès aux
films art et essai porteurs, qui sont accaparés par les circuits et dont
nous avons besoin de temps en temps pour la grande salle. Nous avions
demandé Le Havre, de Kaurismaki (sortie le 21 décembre) : nous ne
l'avons pas obtenu. Nous avons demandé A Dangerous Method, de David
Cronenberg (sortie également le 21 décembre) et nous sommes même allés
devant le Médiateur du Cinéma. Notre demande a été rejetée.
Nous n'avons donc rien de substantiel à mettre sur nos écrans et avons
décidé de fermer nos trois salles pendant la semaine du 21 décembre.
Par cet acte symbolique, nous espérons sensibiliser le public et les
intervenants de la filière cinéma (CNC, Ville de Paris, distributeurs,
circuits) sur la situation désespérée dans laquelle se trouvent
aujourd'hui de nombreux cinémas indépendants en centre ville, faute
d'avoir un accès suffisant aux films. Et nous posons une simple question
: un cinéma comme le Balzac est-il encore utile et souhaité aux
Champs-Elysées ?
Alors je sais bien que le commun des mortels, qui ne va au cinéma qu'une fois par mois, voire moins que cela, préfère le confort d'un grand complexe, où il peut choisir de voir le dernier blockbuster comme un film plus discret. Et je lui donne volontiers raison; il y a des salles où il est parfaitement insupportable de se rendre, et on n'a au moins pas de problème d'odeurs, de bruits - déjà vécu, la famille de pigeons derrière l'écran -, dans les complexes comme Gaumont ou UGC, pour citer les parisiens.
Cependant, il faut aussi que les cinémas de quartier vivent; ils proposent une sélection éclectique, diffusent de vrais coups de cœur des programmateurs, proposent des séances spéciales, des rencontres, des découvertes... Mais aussi les derniers films sortis, tout simplement. Le Balzac est une salle absolument superbe, comme bien souvent le sont les salles indépendantes. Au début du film, il y a réellement le directeur de la salle qui vient justifier son choix, partager son enthousiasme. On ne fait pas plus vivant. Aller au cinéma, c'est aussi partager une émotion avec d'autres spectateurs, plutôt que de se regarder un film tout seul chez soi! Certaines salles indépendants n'hésitent pas à se lancer dans de grands travaux rien que pour le spectateur: tentez une séance au Nouvel Odéon, qui a même réduit son nombre de fauteuils pour que chacun soit installé confortablement!
N'hésitez pas, en prévision de votre sortie mensuelle au cinéma, à ne pas céder à la facilité d'une grande salle, et essayez donc un cinéma indépendant; redécouvrez un vieux film, plongez vous dans une atmosphère de salle mythique (le Studio 28), voyez-y aussi une exposition, un débat,... Allez au cinéma et soutenez ces petites salles de quartier. Il y en a forcément une près de chez vous, pour un peu que vous habitiez à Paris. Il ne faut pas que ces salles disparaissent, elles font partie de notre patrimoine, et de ce charme tout particulier qu'à la France avec ses boulangeries, ses commerces de proximité qui peuvent manquer ailleurs et que les étrangers du monde entier nous envient. Engagez-vous pour le cinéma, une fois de temps en temps, en vous rendant ailleurs que dans les circuits habituels.
Le Balzac
1, rue Blazac - 75008 Paris
Le Nouvel Odéon
6, rue de l'Ecole de médecine - 75006 Paris
Studio 28
10, rue Tholozé - 75018 Paris
Le Cinéma des cinéastes (photo)
7, avenue de Clichy - 75017 Paris
liste non exhaustive...
4 comments:
Ça fait des années que je ne suis pas allée au Balzac (j'y allais parfois quand j'étais ado parce que mes parents avaient leur resto pas loin des Champs), mais je vais parfois au Lincoln dans le quartier.
J'aime les petites salles indépendantes pour leur programmation (où peut-on voir Welcome in Vienna par exemple ? dans un UGC ?), et aussi parce qu'il n'y a pas ces 20 minutes insupportables de publicités assourdissantes et de bandes-annonces... Sans parler du public souvent sans-gêne des multiplexes.
Soutien au Balzac, donc.
(À propos de travaux, j'ai vu Des hommes et des dieux au Saint-Lazare Pasquier l'an dernier, la salle avait visiblement été refaite récemment, et j'ai trouvé la disposition des sièges très intelligente.)
Ah oui, les pubs en moins, totalement d'accord!! Dans les grands complexes, c'est facile 30 minutes même... Au Nouvel Odéon, on a droit au court-métrage avant le film à la place...
Quant au St Lazare Pasquier, c'était là, la fameuse famille de pigeons. J'y retournerai donc si la salle a été refaite, merci pour l'info!
Ah, tant mieux pour le Saint-Lazare Pasquier, parce que j'y avais vu Jar City, et la disposition de la salle et la qualité des fauteuils n'est pas vraiment ce qui m'avait laissé un souvenir impérissable (le film un peu plus déjà).
C'est triste de voir ces petites salles avoir tant de mal à survivre, alors que le cinéma fait année record sur année record en nombres d'entrées depuis trois ans.
Le message de l'industrie comme quoi le partage sur le Net tuerait le cinéma est repris constamment dans les médias, mais en fin de compte le cinéma, le cinéma de quartier, est surtout en train de se faire tuer par le fait qu'une vaste majorité du public traite le cinéma comme un simple service de consommation.
On ne peut pas reprocher au grand public de ne pas être tous des passionnés, ni d'aller dans des multiplexes (on le fait aussi), mais c'est dommage qu'on trouve pas un modèle intéressant pour ces salles, en lien avec les communauté que crée Internet et le lien social et local qu'elle proposent. Et c'est dommage pour elles qu'elles n'aient pas des dizaines de communicants, des lobbies et l'oreille de certains, pour les défendre comme les autres… ahem.
Bref, dernier parallèle et j'arrête, je trouve ça intéressant de voir le Balzac et Wikipedia envisager de fermer leurs portes à peu près au même moment. :)
Espérons que ça fasse réagir le public !
C'est très drôle, cette histoire de pigeons :-)
J'ai trouvé la nouvelle salle (je n'en ai vu qu'une) du Saint-Lazare Pasquier très bien, car les sièges ne sont pas alignés mais en quinconce : le résultat est qu'on n'a jamais quelqu'un pile devant soi (dans la rangée de devant), et ça, c'est très appréciable. Je ne connaissais pas la salle avant, mais là, j'y retournerai sans problème.
Je suis passée devant le Nouvel Odéon, mais n'ai pas encore eu l'occasion d'y aller. Je suis curieuse de voir le résultat.
(Tout à l'heure, dans le 96, un type au téléphone, parlait du Balzac mais à la première personne du singulier. Je me suis demandé s'il s'agissait du directeur du Balzac... Ce serait un drôle de hasard. Je lui aurais bien dit mon soutien, mais le bus était bondé, et il n'était pas accessible...)
Post a Comment