Tuesday, February 21, 2012

Dix hivers à Venise, de Valiero Mieli

1999, Camilla débarque à Venise, où elle s'installe dans une petite maison appartenant à sa famille, délabrée et froide. Mais c'est une nouvelle vie qu'elle entame en même temps que ses études. Elle se spécialise dans le théâtre russe et compte s'y plonger corps et âme. Silvestro lui-aussi s'installe à Venise, et, attiré par Camilla sur le vaporetto, sur la même île qu'elle. Il est moins sûr de ses choix d'avenir, se passionne pour les escargots autant que pour les gens, et trouve rapidement des amis et virevolte. D'hiver en hiver, d'amis communs en maison partagée, et de Venise à Moscou, Camilla et Silvestro se croisent, s'attirent sans pouvoir ou oser se répondre.


Une fois n'est pas coutume, j'ai été voir ce film romantico-dramatique-fleur-bleue avec grand plaisir. Ce genre d'histoire change de ces comédies à l'eau de rose qui arrivent généralement des Etats-Unis et qui parlent d'amours contrariées et trépidantes sans aucun rapport avec la réalité. Dix hivers à Venise trouve l'équilibre entre fiction à rebondissements - quasiment dix rebondissements, sur dix années consécutives, avant que Camilla et Silvestro acceptent d'entamer une relation qu'on attend depuis le départ - et réalisme romancé.


L'une est aussi sérieuse et pince-sans-rire que l'autre est sociable et déjanté; Camilla a beau étudier les arts, c'est Silvestro qui possède la plus grande part de folie douce. Les deux personnages se repoussent tout en s'attirant, et c'est pourquoi leur histoire est plausible, malgré l'exagération des faits, indispensable à la fiction. On connaît bien l'histoire, de deux personnes qui se rencontrent et sont fatalement attirées l'une par l'autre. On croit généralement moins à la timidité de deux jeunes qui ne se touchent pas, puis, par la force des évènements, se recroisent, chacun casé de son côté, finissent par accepter leur complicité, s'éloignent et se rejoignent sans jamais réussir à s'avouer ni à soi-même, ni à l'autre qu'ils s'aiment. Et pourtant, Dix hivers à Venise, par son gentil désenchantement, et son absence de surenchère dramatique, nous fait accepter cette relation qui met dix années à s'établir.


Sans chapitres, mais en scindant la narration au fil des mois de février qui s'écoulent, le scénario fonctionne par séquences. Ces dernières peuvent durer trois minutes, le temps d'un seul plan, ou vingt minutes et construire une véritable petite saynète. Sans aucun systématisme, on ne s'ennuie jamais, et on profite soit de l'avancée de la relation, soit on contemple un moment de poésie totale - comme cette rencontre ratée sur une place, d'où chacun observe le même moine transportant un sapin, d'un point différent et sans se voir.


Il est donc encore temps de fêter la Saint-Valentin sans mièvrerie, et de se délecter de ce très joli premier film.


Dix hivers à Venise
de Valiero Mieli
avec: Isabella Ragonese, Michela Riondino, Glen Blackhall,...
sortie française: 15 février 2012

2 comments:

Mingou said...

Comme je vais le voir après-demain, je me garde la surprise de ton article (quoique j'aie lu la dernière ligne...).

Fanny B. said...

:D Des fois j'aimerais arrêter de l'écrire, cette dernière phrase!

J'espère que le film va te plaire autant qu'à moi!