Aiden et Woodrow savent où ils seront, en cas d'Apocalypse, et celle-ci
finira bien par arriver un jour. Ils se préparent en buvant de la bière
au petit-déjeuner et du whisky en dessert, et travaillent à un
lance-flammes. Ainsi, le jour de l'Apocalypse, Aiden et Woodrow
sortiront de leur voiture au nom de leur gang, Medusa, et, au milieu des
gens affolés, s'entoureront de flammes infernales. Un soir, Woodrow
rencontre Sybil après un concours du plus gros mangeur de grillons. Une
histoire d'amour retarde le premier test du lance-flammes terminé et
avance de beaucoup l'Apocalypse, sauf qu'elle n'aura lieu que dans la
vie d'Aiden et de Woodrow.
J'avais déjà remarqué qu'un pitch compliqué à expliquer présageait
souvent d'un film raté à mes yeux. Dans la même veine des généralités
découlant d'un résumé de séance, voici un exemple de pitch parfaitement
tordu, que je fais tenir en deux lignes mais qui n'explique probablement
pas grand chose à l'histoire. En découle un film génial et tout aussi
tordu. Divisé en chapitres identifiables par une image-titre, et donc
sectionné, Bellflower se déroule cependant dans un ordre chronologique
et peu elliptique, sur un laps de temps décrit assez court. Les
chapitres ne sont donc que des virgules, et indiquent substantiellement
des virages de la narration, chose qu'une mise en scène classique
n'aurait pas permise.
Ce film m'a tellement enthousiasmée, que j'ai du mal à en parler autrement qu'en vrac. Chaque choix de mise en scène est contestable, et pourtant, l'ensemble est d'une cohérence à toute épreuve... à mes yeux. Mais, allez donc en juger par vous-mêmes, l'image est radicale, on peut également y être hermétique. Evan Glodell, scénariste, producteur, réalisateur, acteur, monteur... a lui-même bricolé ses caméras. L'image est saturée de jaune, les filtres tâchent l'écran comme une vieille pellicule usée. L'équipe technique extrêmement réduite, tout comme l'est le scénario, retranché à quatre personnages principaux uniquement, donne une liberté de ton et une énergie pas dénuées de professionnalisme. Ces gens font n'importe quoi - comme Aiden et Woodrow qui s'attelle à un lance-flammes - mais le font bien - et, de même, le lance-flamme fonctionne parfaitement et n'explose pas entre les bras de ceux qui l'utilisent.
Les personnages sont cohérents, la musique, les espoirs, le réel, attachés à une ligne de pitch surprenante et intelligente. Parmi tout ce vomi de bière, cette décadence de whisky et de cylindrées, sous le soleil cuisant du Texas, on parle bien d'amour, de rupture et de cœurs brisés. Une idée simple, à l'origine de moult histoires depuis bien longtemps... Traitée sans mièvrerie, avec un solide désarroi à la testostérone, Evan Glodell renouvelle quasiment le genre.
Je sais que cette critique est aussi peu explicite que possible, mais j'espère que vous en saisirez l'esprit élogieux, et il faudra, pour découvrir cet ovni qu'est Bellflower, aller au cinéma.
Je sais que cette critique est aussi peu explicite que possible, mais j'espère que vous en saisirez l'esprit élogieux, et il faudra, pour découvrir cet ovni qu'est Bellflower, aller au cinéma.
Bellflower
d'Evan Glodell
avec: Evan Glodell, Tyler Dawson, Jessie Wiseman,...
sortie française: 21 mars 2012
No comments:
Post a Comment