Quelques années après avoir fait un enfant avec Jack, son ami américain venu visiter Paris et rencontrer sa famille dans 2 days in Paris, Marion habite maintenant à New York. Alors qu'elle s'apprête à vernir une importante exposition de photos, son père et sa sœur, accompagnée d'un petit ami, qui se trouve être un ex de Marion, débarquent dans l'appartement qu'elle partage avec Mingus. La famille recomposée qu'elle forme avec Mingus, père d'une adolescente, et Lulu, son fils, se confronte à celle de son enfance venue de Paris. Deux cultures se heurtent aussi, au-delà cette fois, contrairement à 2 days in Paris, des limites du couple.
Julie Delpy réalise une suite idéale à son film 2 days in Paris sorti en 2007. Quasi autobiographique, mais surtout ponctué d'anecdotes dûment notées au cours des voyages, des rencontres, du quotidien de la réalisatrice, la série des 2 days in permet à Julie Delpy de laisser Marion, son alter ego, s'exprimer à sa place. C'est donc un concentré d'angoisses, de joies, de petites observations culturelles en une heure et demi de film. Marion est bourrée de contradictions, extrême, inventée pour le long-métrage, même si elle porte en elle l'image de Julie Delpy. 2 days in New York est donc une suite idéale, car le film ne reprend que ce personnage attachant et se défait de tout le reste. Peu importe de connaître les détails qu'ont vécu Marion et Jack. Ce passé fait partie intégrante à présent de la Marion-maman qu'on reprend avec Mingus. Les deux films sont à la fois intimement liés et parfaitement indépendants, comme deux étapes distinctes d'une seule vie.
Cette fois-ci, Julie Delpy ne se contraint pas à analyser un couple, donc seulement deux personnes, mais extrapole au-delà du sentiment amoureux et du sexe conjugal. Elle ajoute quelques personnages hauts en couleur, dans une vie apparemment plus rangée, puisque Marion et Mingus sont installés ensemble pour élever leurs enfants. Il reste évidemment que les Français sont des inconditionnels de pratiques sexuelles extravagantes et libres et mettent même du désir dans chaque promenade innocente, à la surprise des Américains plus prudes. En résulte parfois un sentiment d'égarement, alors que les conversations s'emmêlent et que les thèmes se mélanges; on ne sait plus qui écouter ou suivre, autour d'une table où chacun prend la parole sans attendre la caméra... comme dans la vie, finalement. Le spectateur se concentrera au choix sur les ambitions artistiques et la signification d'une vente d'âme, le désarroi face à la perte d'un être cher, mère ou épouse, la rencontre et le choc des cultures, ou les difficultés d'un couple à se maintenir.
C'est ce que l'on aime et que l'on va voir dans un film de Julie Delpy, cet esprit fantasque et sa caméra spontanée. Les séquences s'enchaînent chronologiquement, sans artifice cinématographique, et les problèmes s'en viennent et vont; les discussions parfois ne se terminent pas complètement. C'est un arrêt sur image - 25 images par seconde pour une heure et demi de film, un long arrêt sur plusieurs images -, une pause dans un quotidien familial juste un peu exagéré pour les besoins d'un film... mais si peu exagéré. Tous ces personnages ne sont pas loin de la réalité, Marion avec ses angoisses et ses mensonges, Mingus qui fait un one man show face à son président de carton, stoïque, le père de Marion - celui de Julie! - affreusement bon vivant et jovial, Vincent Gallo, en guest, dans son propre rôle. Tous les Français ne passent évidemment pas la douane avec quinze saucissons et dix camemberts, mais ces clichés qu'utilise Julie Delpy sont les plus évidents, les plus naïfs, et mis en situation avec tant de fraîcheur, qu'on en rit sans s'offusquer de l'impertinence.
2 days in New York
de Julie Delpy
avec: Julie Delpy, Chris Rock, Albert Delpy,...
sortie française: 28 mars 2012
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