Wednesday, March 14, 2012

Eva, de Kike Maillo

Alex revient dans son petit village nordique, où il a passé toute son enfance et sa vie étudiante, avant d'exporter ses talents dans de grandes villes. C'est pourtant là, dans son village natal, que l'Université de Robotique est le plus à la pointe. Il est appelé pour un projet top secret, pour donner vie à un robot humain qui aurait toutes les caractéristiques et la sensibilité d'un enfant. Pour modèle, il choisit Eva, qui se trouve, par hasard, être la fille de son frère David et de son ex-petite amie, Léna.


Deux thème se disputent dans le pitch, celui de la robotique, et celui d'un passé enfoui qui resurgit. Ne vous attendez donc surtout pas à une immersion dans un monde de science-fiction, il se trouve que la romance prend plus rapidement le dessus dans le scénario du film. L'idée de banaliser la SF, et de faire comme si les robots étaient une chose normale, pour se concentrer sur un autre sujet, plus puissant, celui de l'amour entre êtres humains, est une chose plutôt plaisante. On est bien loin des clichés de mondes futuristes, avec voitures volantes et machines à faire l'amour (spéciale dédicace à Woody Allen). L'univers décrit dans Eva est celui d'un village simple, où tout le monde se connaît et se côtoie; on y croise la boulangère, ou le père de son pote de collège à chaque coin de rue. Le réalisateur, espagnol, a décidé de placer son action dans un pays nordique, où la neige vient encore isoler sur lui-même le village natal d'Alex.


Les robots sont parfaitement intégrés à l'espace, marchant dans les bois et plongeant leurs pattes mécaniques dans la neige autour de l'Université. Les étudiants les observent et les analysent... C'est une éducation et un état d'esprit somme toute normaux, dans un monde futur pas si éloigné du nôtre en 2012. Le thème majeur du film est donné par la simple idée que l'expérience ultime en matière de robotique est d'insuffler des sentiments à une carcasse mécanisée. Dès lors, on comprend bien que posséder une sensibilité aux choses et aux gens est plus important que tout, et l'histoire d'amour révolue entre Alex et Léna prend le dessus dans l'histoire. Le scénario peut décevoir, sans grande originalité finalement, quand on le prend dans ses grandes lignes; il se résume à la nostalgie d'un couple, à une bataille fraternelle pour une femme. L'enfant, au milieu de ces querelles, concentre les secrets.


On adhère ou pas à cet univers peu fantastique, qui pour ma part m'a déçue, en tant qu'amatrice de science-fiction. J'avais envie d'un peu de profondeur de ce côté là, quitte à réciter bêtement les principes d'Asimov. Avec un titre pareil, qui n'est pas sans faire écho à des basiques robotiques, nul doute que Kike Maillo aurait pu aller plus loin - ou alors, ce nom d'Eva est un hasard total? Ou soufflé par son producteur?. La réalisation est néanmoins agréable et sait profiter des grands espaces blancs de neige, et intègre de gentils robots sympathiquement, sans grands renforts d'effets spéciaux de type 3D/écran vert. Ce goût du simple permet de ne pas décrocher d'une histoire peu palpitante. La construction même du scénario cependant a le don de m'agacer prodigieusement; j'ai l'impression de ne voir que ça ces derniers temps, un moment fort suivi d'un long flashback; et on n'attend que la conclusion pour pouvoir enfin connaître la suite du début du film...


Eva aurait donc mérité un petit peu de complexité, tant au niveau de son sujet que dans sa construction narrative. On ne peut cependant pas non plus reprocher à un jeune réalisateur, pour son premier long-métrage, de ne pas s'emballer et de conserver la maîtrise totale de sa réalisation. On notera aussi pour sa défense un très joli casting, avec des adultes expérimentés, et une jeune Eva totalement novice et très talentueuse.


Eva
de Kike Maillo
avec: Daniel Brühl, Claudia Vega, Marta Etura,...
sortie française: 21 mars 2012

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