Friday, September 23, 2011

L'Apollonide, de Bertrand Bonello

Madame, à l'aube du XXème siècle, tient une maison close, pour gagner sa vie et élever correctement ses deux enfants. Elle tient scrupuleusement le cahier des dettes de ses filles, qui espèrent toutes un jour sortir de L'Apollonide. Mais cet espoir, elles le savent toutes, est vain. Elles restent enfermées, à dormir et vivre ensemble toute la journée, à se coiffer et s'habiller le soir, pour exciter ces messieurs au salon la nuit, et les emmener réaliser leurs fantasmes dans une chambre.


Dans cette atmosphère feutrée, troublante de nuit perpétuelle, les filles de Madame emmêlent leurs longs cheveux ensemble, se frictionnent avec amitié avant de passer des nuits sans amour avec des hommes qui les rêvent. Ça paraît excitant, résumé comme ça, non? On s'attend à du sexe scabreux, à un huis-clos gentiment pornographique. Si en plus, on nous donne une belle histoire, et des rêves de liberté, voilà qui promet une séance sympathique. En vérité, on s'emmerde autant que ces jolies nanas issues de petites catégories sociales, et les murs de la salle de cinéma étouffent autant le spectateur que les portes fermées de la maison dans laquelle elles vivent. J'aimerais avoir l'avis d'un homme sur le sujet, mais, pour ma part, je n'ai pas été émoustillée pour un sou, faible consolation qu'aurait pu offrir de jolies images à un scénario aussi nu que les prostituées qui s'y baladent.


Je ne sais pas si on peut définir un film par le sexe de son réalisateur - j'adore cette critique, les mots clés vont m'amener un public assez vaste. Dans L'Apollonide, j'ai pu voir la patte d'un homme derrière la caméra - ou alors est-ce que je m'ennuyais tellement que je tentais de trouver des raisons mon incapacité à apprécier? La lascivité voulue par Bertrand Bonello est celle d'un homme qui s'excite à imaginer de jolies filles partageant un lit ou une salle de bain. Une femme aurait-elle également montré plus de fesses féminines que de bites d'hommes - j'en ai compté une seule furtive -, dans un film qui, pourtant, est censé illustrer le désir masculin? Je ne comptais pas spécialement non plus sur un défilé de gens à poil et excités, je vous rassure, il y a d'autres salles pour cela, mais, comme je le disais, le scénario lui-même est si vide qu'on souhaite presque y voir du cul histoire de faire passer le temps.


Pourtant, il y avait un peu de matière à sortir quelque histoire intéressante; mais ces détails restent très secondaires. Madame cherche à maintenir sa maison close ouverte - blague/jeu de mots -, tandis que les filles cachent leurs sous et espèrent charmer un millionnaire célibataire qui tomberait amoureux. Il y en a qui subissent les fantasmes des hommes, et qui en perdent leur métier pour le retrouver de manière encore plus perverse. Il y en a aussi qui tentent d'oublier dans l'opium. Une jeune fille entre à L'Apollonide pour en ressortir, par simple curiosité. Bref, il y avait le choix, de quoi piocher au hasard un scénario plus palpitant que ces images certes jolies mais terriblement vides de sens.


Finalement, j'aurais pu m'arrêter au générique de début, trop long, qui présage le reste: des images fixes, une belle photographique, et aucune narration.


L'Apollonide
de Bertrand Bonello
avec: Noémie Lvovsky, Céline Sallette, Alice Barnole,...
sortie française: 21 septembre 2011

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