Wednesday, September 14, 2011

Paris-Delhi-Bombay au Centre Pompidou

Comme d'habitude, je m'y prends au tout dernier moment pour parler d'expos qui ferment leurs portes dans quelques jours, histoire de faire mieux regretter à ceux qui étaient tentés de ne pas s'être bougé plus tôt. Il est terrifiant de voir à quel point je ne bouge pas de Paris, et pourtant, je rate tout ce qui passe. Heureusement, une amie de visite à Paris m'a entraînée à Centre Pompidou. Je salue au passage l'adorable caissier qui, entre deux griffonnages au feutre sur des feuilles volantes, lui a permis de profiter du tarif exonéré auquel j'ai droit. Enfin bon, c'est du détail, venons-en au fait au lieu d'encore perdre notre temps. L'exposition Paris-Delhi-Bombay se termine le 19 septembre dans une semaine donc.


Elle est tout d'abord assez dense, prévoyez donc d'y passer 3 bonnes heures, et de bonnes chaussures. Je suis toujours exténuée après une expo, d'une part parce qu'on y passe 3 heures sans s'en rendre compte, à piétiner, et d'autre part parce que l'avalanche d’œuvres à tendance à nous étouffer; lorsqu'on est dedans, on avale tout facilement; mais une fois sortis, on se rend compte qu'on est complètement repu. C'est le cas pour Paris-Delhi-Bombay, qui, en plus de réunir énormément de matière, présente également des artistes de nationalités indienne et française, et un bon paquet de sculptures, de la photographie, des installations contemporaines, et pas mal de vidéos. Il faut donc avoir l'oeil aux aguets, l'oreille aussi, et si je le pouvais, j'aurais tout tripoté. Ca fait ça à tout le monde ou bien je suis un cas rare? Lorsque les œuvres sont grandes, et plus elles sont contemporaines, plus j'ai envie de faire participer le toucher pour compléter ma vision de chaque élément.


Il y a donc que l'exposition est pleine de choses; parfois absurdes, parfois très belles, parfois surprenantes sans qu'on n'arrive à y adjoindre un adjectif positif ou négatif. C'est plus ce que m'inspire, une fois l'exposition digérée, sa visite, qui m'intéresse. Un peu de la même manière, lorsque je me retrouve devant une œuvre, au lieu de spéculer sur sa beauté, ou pas, son engagement durable et ce qu'elle exprime spontanément me parle plus que les détails. Je ne passerai pas une heure à observer chaque recoin; saisir son concept me semble immédiat, et j'y repenserai ensuite si elle m'est restée gravée dans le cerveau. Avec cette même amie, que j'ai vraiment traînée partout la semaine dernière, nous avons aussi fait un tour à La Cartonnerie, qui vernissait des étudiants entrepreneurs. La Cartonnerie est un lieu superbe, qui fournit un cadre très sympa à des expos, des showrooms, des brocantes. On y passait donc surtout pour boire un verre (gratuit! gratuit! gratuit!), éventuellement pour voir de jolies choses. Les étudiants présentaient leur mégalomanie, en disant qu'ils étaient, au fond de leur cœur, des artistes maudits, qui faisaient du profit quand même. La démarche n'était pas inintéressante, mais on ne s'improvise pas artiste pour une année scolaire; la folie, la marginalité se méritent sur la durée. Voilà pourquoi l'art contemporain, pas mal représenté dans l'exposition Paris-Delhi-Bombay, a réussi à me toucher. Malgré un premier abord compliqué, la démarche de l'artiste est tout à faut pertinente et justifiée, et même touchante. Une fois qu'on saisit la démarche donc, pas besoin de rester des heures à la contempler; c'est dans l'esprit que cela se passe, que l'idée germe et fait son bout de chemin pour agir sur la conscience.

Si quelqu'un saisit le raisonnement tordu décrit ci-dessus, merci de vous manifester.


L'accumulation des œuvres est un autre point intéressant, et qui justifie encore de ne pas s'attarder trois plombes devant chaque objet. Effectivement, certains prennent tout leur sens en étant associés aux autres travaux d'autres artistes. Au sein d'une telle exposition, le rassemblement fait la force et la pertinence; individuellement, chaque œuvre je crois perdrais énormément de son impact. Le regard d'artistes français sur l'Inde, et des Indiens dans leur propre pays, forme un ensemble cohérent.


J'ai particulièrement aimé, si vous y passez, les photographies de Dayanita Singh, House of love. Ses photographies m'ont raconté des histoires, que j'aurai pu, pour le coup, apprécier indépendamment de l'exposition. Atul Bhalla, avec ses photographies au centre desquelles le même élément revenait, One rupee for a big glass, a également réussi une très parlante association d'images.


Paris-Delhi-Bombay 
jusqu'au 19 septembre 2011

No comments: