Wednesday, September 28, 2011

L'uomo in più, de Paolo Sorrentino

Antonio "Tony" Pisapia est un chanteur de variété adoré par la gente féminine; au plus haut de sa gloire, une histoire de drogue et de sexe avec une mineure le met sur la touche. Enfermé dans sa belle maison, il passe ses journées à cuisiner pour tuer le temps en attendant qu'on lui demande de remonter sur scène. Un homonyme, Antonio Pisapia donc, est un joueur de foot brillant, encore jeune. Un accident à l'entraînement, et le voilà sur le banc de touche, à espérer sans cesse revenir pour conseiller son ancienne équipe, en vain. Deux hommes, deux destins brisés, un seul nom et peu de choses qui les rapprochent.


Combien de fois ai-je évoqué Paolo Sorrentino, réalisateur de seulement cinq longs-métrages, tous plus réussis les uns que les autres? Histoire de compléter mes informations sur ce réalisateur, je me suis décidée à acheter un coffret avec tous ses films, sauf le dernier, This must be the place, qui vient de sortir. Effectivement, impossible de trouver son tout premier film, L'uomo in più, qui manquait à ma culture. Me voilà devant un film vieux de dix ans maintenant, retrouvant Toni Servillo plus jeune, et parlant en italien non sous-titré - enfin si, sous-titré, en italien... Si ce n'est pas de l'amour pour un réalisateur, ça, je vous demande bien ce que c'est!


Je n'ai pas été aussi emballée que devant les autres réalisations de Paolo Sorentino, mais voilà que j'y trouve une mise en scène que je commence à connaître maintenant, et qui s'esquissait déjà, il y a dix ans, avec une caractérisation toute personnelle. La caméra a tendance à survoler, à s'approcher au plus près en zoom maîtrisé. On distingue un goût prononcé pour les scènes oniriques, mystérieuses au premier abord, et qui ne dévoilent leur sens qu'à la fin, avec un double-sens caché. Les thèmes abordés sont aussi reconnaissables. Des personnages sont seuls, parmi la multitude, aimés, perdus au fond d'eux-mêmes. Paolo Sorrentino réussit à les sortir de l'eau, sans au passage oublier de les égratigner, pour les faire sortir de leur léthargie. Et si, des deux Antonio, l'un devait supprimer l'autre? L'homme en plus, c'est la technique footballistique proposée par Antonio/joueur de foot - si j'ai bien compris dans tout cet italien et avec mes connaissances en la matière -; c'est aussi l'un de ces deux personnages, qui, pour vivre, doit accepter de le faire en double, pour lui-même, et pour cet autre.


Il y a encore un Antonio/Tony dans le livre récemment publié de Paolo Sorrentino, Ils ont tous raison. Un cocaïnomane sûr de lui, un peu paranoïaque, chanteur pour ces dames... Je n'en suis qu'au début - la lecture de Game of thrones me prend tout mon temps, addictive -, mais le parallèle me semble déjà évident avec ce premier film. La grande cohérence de l'univers du réalisateur/auteur est alors plus que palpable.


J'ai regardé L'uomo in più au moment où je commence à sentir l'impatience de voir le nouveau film de Tilda Swinton. Non, l'actrice ne réalise pas, mais interprète un rôle dans le deuxième film de Lynne Ramsay, We need to talk about Kevin. Il est comme ça des artistes dont je ne manquerais pour rien au monde les œuvres, quelles qu'elles soient. Tilda Swinton est une de ces femmes dont le charisme transparaît dans ses choix cinématographiques, à la manière de Paolo Sorrentino et de ses réalisations. Je n'ai pas encore beaucoup vu de films "de" Tilda Swinton. Etant donné que Paolo Sorrentino sort en moyenne un film tous les deux ans, voilà une nouvelle filmographie à découvrir de manière aussi obsessionnelle que ce que j'ai fait avec Sorrentino... Allez découvrir par ici une interview de l'actrice, dans laquelle transparaît toute sa force de caractère.


L'uomo in più
de Paolo Sorrentino
avec: Toni Servillo, Andrea Renzi, Nello Mascia,...
sortie: 2011


We need to talk about Kevin
de Lynne Ramsay
avec: Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller,...
sortie: 28 septembre 2011

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