Tuesday, September 20, 2011

Crazy, stupid, love, de John Requa et Glenn Ficcara

Cal Weaver et sa femme ont laissé la passion de côté pour devenir, à quarante ans, un vieux couple. Ensemble depuis le lycée, ils n'ont jamais connu d'autre amour que le leur... Du moins c'est ce que croit Cal, jusqu'à ce qu'Emily lui demande le divorce, fatiguée et blessée de ce déclin de leur couple; elle l'a trompé avec un collègue. Cal se laisse aller au désespoir et traîne ses baskets fatiguées dans un bar où opère Jacob, tombeur de ces dames. Il prend Cal en main, lui refait sa garde-robe et lui redonne confiance en lui. Mais Cal, poussé par son fils de 13 ans, ne peut renoncer à l'amour d'Emily. Et si le jeune Robbie croit dur comme fer aux âmes sœurs, c'est qu'il est lui-même amoureux de sa baby-sitter, Jessica, dix-sept ans, elle-même folle de Cal. Jacob, lui, bien loin de l'idée d'un amour unique, enchaîne les conquêtes, jusqu'à ce que son chemin croise celui d'Hannah qui résiste à son charme. Liz, la meilleure amie de cette dernière, désespère qu'elle ne connaisse un jour autre chose que ce que lui offre comme amour son affligeant petit ami.


De toute évidence, Crazy, stupid, love est un film à tiroirs, et tous ces personnages vont se côtoyer et se croiser joyeusement deux heures durant, opposant leurs idées de l'amour. Évidemment, on est aussi dans un feel good movie alors à la fin, tout le monde se marie et a beaucoup d'enfants. Les clichés s'amoncellent, et pourtant, Crazy, stupid, love, est un excellent film, hilarant, surprenant. On n'a jamais joué des clichés de manière aussi décalée dans un blockbuster américain; les ralentis, la musique "savanesque" - © merci pour elle -, l'adolescent qui se fait surprendre à se tripoter, le mari jaloux, l'étalon du bar - merci la traduction française pour "hot guy from the bar", un étalon, rien que ça - qui fait tomber les filles grâce à Dirty Dancing - oui, bon, ça, ça fonctionne... L'Arnacoeur, un film français, l'avait aussi compris -, la jolie nana qui résiste,... Clichés, clichés, mais tout cela, avec un second degré extrême - donc un 10ème degré -, une auto-dérision formidable, tape juste. Et même lorsqu'on envisage, dans la vraie vie, des relations plus terre à terre, au final, l'amour du cinéma, celui qui est plus fort que tout, celui qui dure toute une vie avec une seule personne, on a envie d'y croire.


Le film ne m'a pas pour autant rendu toute floppy - juste bilingue, vous remarquerez -, comme on pourrait le penser d'un film de filles. Au contraire, il fait passer un message qui donne la pêche, sans qu'une fille soudain se mette à rêver au prince charmant de manière totalement illusoire. Si vous êtes de type masculin, vous serez capable d'apprécier le film, je crois bien, ou au moins de supporter votre copine si vous l'y emmenez - et que vous n'avez pas peur que votre torse soit comparé à celui de Ryan Gosling ce qui, fatalement, arrivera. Voilà qui me fait penser que tous les films pour filles mettent réalité en scène d'autres filles, et que les hommes peuvent s'y rincer l’œil; un peu comme ces fameux magazines dont on dit qu'ils sont en vérité destinés à un public masculin, tout empli de mannequins dénudés qu'ils sont. Crazy, stupid, love se joue de certains clichés et en évite donc bien d'autres; c'est bien une femme qui fait sa crise de la quarantaine et cocufie son mari; une jeune fille qui envoie bouler Jacob/Ryan Gosling, qui lui se fait un plaisir de s'exhiber devant un public hystérique. Ces situations ne sont pas si banales et le film est donc plus subtil qu'il n'en a l'air pour peu qu'on se donne la peine de fouiller.


Je ne dois pas conseiller très souvent des films drôles/blockbusters/avec un casting aussi alléchant. Pour une fois que je le fais, c'est bien que Crazy, stupid, love est extrêmement réussi, qu'il passe à côté de l'écueil du cliché voire même qu'il va un peu plus loin que cela.



Crazy, stupid, love, de John Requa et Glenn Ficcara
avec: Steve Carell, Julianne Moore, Ryan Gosling,...
sortie française: 14 septembre 2011

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