Sunday, September 4, 2011

This must be the place, de Paolo Sorrentino

Cheyenne, ancienne star de pop rock, traîne son air fatigué entre les murs d'un supermarché, et dans les pièces immensément vides de sa demeure à Dublin. Il n'a jamais changé de look, il se maquille comme s'il allait remonter sur scène, mais ne joue plus la moindre note de musique. Coincé à une époque, il a vieilli sans s'en rendre compte. Sa jeune amie Mary, une adolescente au look gothique, grandit et devrait lui rappeler le temps qui passe; tout comme sa femme, Jane, merveilleusement dynamique et rentre-dedans. Mais il faut à Cheyenne plus que cela pour remettre en route ses pendules. Son père mourant, il le rejoint aux Etats-Unis près de son lit d'agonisant. Poussé par son neveu, et sur un coup de tête qui ne lui est pas habituel, il débute un road-trip à travers l'Amérique pour retrouver l'ancien tortionnaire de son père dans un camp nazi. Les rencontres et ce but à atteindre semblent à la fois vains, et profondément significatifs d'un tournant dans sa vie.


Paolo Sorrentino est curieusement décrit aujourd'hui comme "une des stars du renouveau du cinéma italien". Ce qui est plutôt rigolo, car, malgré des sélections cannoises en 2004 et 2006 pour Les conséquences de l'amour et L'ami de la famille, on ne peut pas dire que les premiers films de Paolo Sorrentino aient été sur le devant de la scène en France depuis 2001. C'est seulement sept années après son Homme en plus, et avec Il Divo, en 2008, qu'on semble le remarquer; et il lui faut un film en langue anglaise et tourné aux Etats-Unis, avec un casting de choix, pour se faire réellement reconnaître. Donc, je ris un peu de cette soudaine gloire, qui me semble déjà méritée depuis bien des années. J'avais déjà prévenu tout le monde que ce type était génial! Cependant, avec la forte médiatisation autour de son dernier film, j'avais drôlement peur de ne plus rire, et d'être déçue par This must be the place. Le changement d'univers, de l'Italie aux Etats-Unis, le changement de langage, et un sujet sur l'holocauste, voilà qui est plutôt éloigné des autres films de Paolo Sorrentino; mais la caméra radicale du réalisateur est bien la même, et son univers graphique ultra particulier également.


J'ai un mal fou à écrire sur ce film, que j'ai pourtant adoré. Sean Pean y est parfait, délicat, et la caméra de Paolo Sorrentino, si elle s'envole un peu pour découvrir les incroyables paysages américains qu'elle n'a pas l'habitude de dévoiler, sublime un personnage à part. Je vous donc simplement mon soulagement, de voir que Paolo Sorrentino a enfin la reconnaissance internationale qu'il méritait depuis bien longtemps, sans que cette médiatisation et cet expatriation ne dénature son cinéma. En plus du soulagement, il y a aussi la plénitude ressentie devant un film aux qualités toutes personnelles au réalisateur.


Je me refais sa filmographie et je vous redis ma joie, sans plus de blabla.


This must be the place
de Paolo Sorrentino
avec: Sean Pean, Frances McDormand, David Byrne,...
sortie française: 24 août 2011


ps: sinon j'aurai pu faire une critique un peu comme ça: "non mais ce plan séquence au concert! Génial, non? Et la scène du jeu de paume dans la piscine? Et la bande-originale, évidemment! et..." etc.

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