Un sculpteur sent sa fin approcher; l'âge aura raison de lui et il n'a plus envie de créer. Pourtant, lorsque Mercé, une jeune espagnole qui a passé la frontière toute proche, entre dans sa vie, l'artiste sent qu'une dernière oeuvre est possible. A l'abri du conflit mondial, dans un atelier à l'écart de tout, dans la montagne, il déshabille Mercé et trouve l'inspiration.
Il y a deux raisons qui m'ont poussé à aller voir ce film - enfin trois, mais on s'en fiche un peu que l'horaire m'arrangeait bien ce jour-là, hein? Est sorti au cinéma il y a seulement deux mois Renoir, un film de Gilles Bourdos. L'action se situe alors aux alentours de la Première Guerre Mondiale, alors qu'un peintre en fin de vie et par conséquent de carrière est inspiré par une fraîche jeune femme qui pose pour lui. Michel Bouquet interprétait Renoir, comme Jean Rochefort se glisse dans la peau de Marc Cros. Les deux acteurs font partie du paysage cinématographique depuis bien longtemps, et ils possèdent tous deux une force qui se transmet à l'écran. J'avais apprécié Renoir surtout pour sa photo et son interprète principal. Étrangement, les mêmes qualités se retrouvent dans l'Artiste et son modèle, démultipliées, et les mêmes défauts aussi.
Comme si un bel acteur et une image léchée, sous prétexte que le héros est lui-même un artiste, sensible à la lumière, à la beauté de la nature - d'ailleurs, on retrouve deux éléments semblables dans les deux films, l'image de la fille à bicyclette sur une route de forêt, avec sa jupe retroussée sur ses cuisses, et l'indécence innocente de cette fille qui s'ébat dans un étang, alors que l'artiste se laisse inspirer - suffisaient, donc, à faire une histoire. L'artiste et son modèle est filmé en noir et blanc, et joue sur des découpages d'ombres et de lumières, dont la chaleur ne perd rien dans la monochromie. La beauté de ce qui l'entoure est vue par les yeux de Jean Rochefort, dont le visage découpé renvoie lui-même ces parts d'obscurité et de rayonnements.
Jean Rochefort est un acteur que j'adore. Je pourrais revoir son monologue de début dans Le mari de la coiffeuse, de Patrice Leconte, et toute sa prestation, juste pour son charme dégingandé, hors du temps. C'est une silhouette imposante et frêle, qui pour une fois ne joue pas de grandiloquence, à laquelle les réalisateurs aiment généralement l'associer. Le personnage de Marc Cros est bourru, cherche ses mots, et réussit mieux à exprimer sa pensée par le travail de ses mains. C'est un si beau rôle pour Jean Rochefort que tout le reste semble de trop.
Toutes les scènes qui le font descendre de sa montagne me paraissent superflues, un retour à la réalité laide, et blessante, pour l'artiste comme pour le spectateur. Ces incursions terre-à-terre qui nous éloignent du processus de création viennent très bêtement expliquer des détails, qu'on aimait pourtant n'être que suggérés, comme ce regain de vigueur sexuelle qui soudain énerve et perturbe le sculpteur, en colère de devoir se détourner alors de son travail. Rester concentré sur le regard de Jean Rochefort, celui, sauvage, de son modèle, et conserver entre eux ce lent apprivoisement, aurait suffit à mon bonheur.
Quel dommage que le film s'égare dans le superflu, et n'assume pas pleinement sa tentative d'explication de l'inspiration, de l'art! Tiens, pour la peine, moi aussi je m'écarte du sujet. Voilà une petite vidéo qui date de ces moments où j'ai du m'enamouracher de Jean Rochefort:
Il y a deux raisons qui m'ont poussé à aller voir ce film - enfin trois, mais on s'en fiche un peu que l'horaire m'arrangeait bien ce jour-là, hein? Est sorti au cinéma il y a seulement deux mois Renoir, un film de Gilles Bourdos. L'action se situe alors aux alentours de la Première Guerre Mondiale, alors qu'un peintre en fin de vie et par conséquent de carrière est inspiré par une fraîche jeune femme qui pose pour lui. Michel Bouquet interprétait Renoir, comme Jean Rochefort se glisse dans la peau de Marc Cros. Les deux acteurs font partie du paysage cinématographique depuis bien longtemps, et ils possèdent tous deux une force qui se transmet à l'écran. J'avais apprécié Renoir surtout pour sa photo et son interprète principal. Étrangement, les mêmes qualités se retrouvent dans l'Artiste et son modèle, démultipliées, et les mêmes défauts aussi.
Comme si un bel acteur et une image léchée, sous prétexte que le héros est lui-même un artiste, sensible à la lumière, à la beauté de la nature - d'ailleurs, on retrouve deux éléments semblables dans les deux films, l'image de la fille à bicyclette sur une route de forêt, avec sa jupe retroussée sur ses cuisses, et l'indécence innocente de cette fille qui s'ébat dans un étang, alors que l'artiste se laisse inspirer - suffisaient, donc, à faire une histoire. L'artiste et son modèle est filmé en noir et blanc, et joue sur des découpages d'ombres et de lumières, dont la chaleur ne perd rien dans la monochromie. La beauté de ce qui l'entoure est vue par les yeux de Jean Rochefort, dont le visage découpé renvoie lui-même ces parts d'obscurité et de rayonnements.
Jean Rochefort est un acteur que j'adore. Je pourrais revoir son monologue de début dans Le mari de la coiffeuse, de Patrice Leconte, et toute sa prestation, juste pour son charme dégingandé, hors du temps. C'est une silhouette imposante et frêle, qui pour une fois ne joue pas de grandiloquence, à laquelle les réalisateurs aiment généralement l'associer. Le personnage de Marc Cros est bourru, cherche ses mots, et réussit mieux à exprimer sa pensée par le travail de ses mains. C'est un si beau rôle pour Jean Rochefort que tout le reste semble de trop.
Toutes les scènes qui le font descendre de sa montagne me paraissent superflues, un retour à la réalité laide, et blessante, pour l'artiste comme pour le spectateur. Ces incursions terre-à-terre qui nous éloignent du processus de création viennent très bêtement expliquer des détails, qu'on aimait pourtant n'être que suggérés, comme ce regain de vigueur sexuelle qui soudain énerve et perturbe le sculpteur, en colère de devoir se détourner alors de son travail. Rester concentré sur le regard de Jean Rochefort, celui, sauvage, de son modèle, et conserver entre eux ce lent apprivoisement, aurait suffit à mon bonheur.
Quel dommage que le film s'égare dans le superflu, et n'assume pas pleinement sa tentative d'explication de l'inspiration, de l'art! Tiens, pour la peine, moi aussi je m'écarte du sujet. Voilà une petite vidéo qui date de ces moments où j'ai du m'enamouracher de Jean Rochefort:
L'artiste et son modèle
de Fernando Trueba
avec: Jean Rochefort, Aida Folch, Claudia Cardinale,...
sortie française: 13 mars 2013
4 comments:
Moi aussi, je fais partie de cette génération pour qui Jean Rochefort = Winnie l'ourson ! :-)
(As-tu vu cette sombre merde qu'est À la merveille ?)
Haha, m'en parle pas, du coup j'avais aussi recherché les images d'une autre émission de dessin animé Disney, présentée par Vincent Perrault, dans un décor ultra minimaliste.. Souvenirs, souvenirs.
Et non, je n'ai pas vu A la merveille... Je ne suis pas ultra fan de Malick. Vu les termes en lesquels tu évoques le film, je crois que j'ai bien fait?
Même pas La balade sauvage ou Les moissons du ciel ?
(J'ai franchement du mal à croire que c'est le même réalisateur qui a fait ces deux films sublimes...)
Non, j'avoue n'avoir vu sa filmo qu'à partir de 1998, avec La ligne rouge. Effectivement, je devrais remonter plus tôt!
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