Monday, February 21, 2011

Jewish connection, de Kevin Asch

A la fin des années 90, à New York, un trafic de drogue s'organise dans le quartier hassidique de Borough Park. Jackie Salomon fait recruter des Juifs pratiquants pour qu'ils fassent passer la frontière, à leur insu, des milliers de pilules d'ecstasy. Yosef réussit à convaincre Sam Gold de servir de mule. Le jeune garçon a beau être destiné à devenir rabbin, il sent que sa famille et sa religion peuvent l'étouffer. Ayant compris le trafic auquel il prend part, timidement, il s'y plonge de plus en plus, jusqu'à devenir le bras droit de Jackie à la place de Yosef.


Le film, indépendant, bénéficie d'une toute petite distribution malgré la présence à l'affiche de Jesse Eisenberg, qui, il faut bien l'avouer, a été l'atout majeur pour me décider à voir Jewish connection. L'acteur, nommé aux Oscars pour sa prestation dans The social network, pouvait-il dépasser son interprétation de Mark Zuckerberg? Pari réussi, il arrive parfaitement à s'en détacher. Par contre, le film ne met pas spécialement en valeur les talents de chacun, décolle peu, et hésite entre les thèmes qu'il aborde. Kevin Asch, qui réalise là son premier long métrage, se sert avec timidité de sa caméra, et se cache derrière l'hommage plutôt que de lui imprimer un style propre.


Kevin Asch revendique haut et fort son attachement au cinéma de Scorsese, et en tire le bon parti, celui d'un scénario centré sur trois personnages, Sam, Yosef et Jackie, entre lesquels les liens se font et se défont avec force, liant l'un à l'autre, oscillant entre amitié, respect, et admiration. Sam éprouve une certaine envie à voir la liberté qu'à Yosef, est fasciné par l'argent facile qu'offre Jackie; il retrouve en ce dernier un père plus confiant que le sien, qui valorise ses idées. En même temps, l'idée de répulsion et de honte est présente, car Sam est profondément honnête et empli de valeurs. Sa foi, qu'il mettait en doute, le tiraille, et se rappelle à lui, sans cesse. Moins bien que Scorsese cependant, Kevin Asch tente de jongler entre le thriller et le film d'apprentissage. Il s'appuie sur le trafic de drogues, et se sert donc à loisir de l'imagerie sexe et boîtes de nuit; mais le point de vue est celui d'un jeune naïf en plein passage à l'âge adulte, et la tendance à l'innocence de Sam fait basculer le film vers le sentimentalisme.


D'autres références sautent aux yeux, comme celle à French connection (le titre en VO du film est Holly rollers) de William Friedkin, sorti en 1971. Le scénario du film relate l'histoire d'une brigade de stupéfiants qui remonte un réseau jusqu'à un magasin de confiserie, ce dernier étant donc l'image de la couverture idéale, de l'innocence sucrée. L'image de Jewish connection est également empreinte de l'ambiance des films des années 70, d'un New York très brut, très vrai. 


Toutes ces sources d'inspiration n'étant pas mauvaises, Jewish connection s'en sort bien, mais manque d'identité.


Jewish connection
de Kevin Asch
avec Jesse Eisenberg, Justin Bartha, Danny A. Abeckaser,...
sortie française: 16 février 2011

2 comments:

Anne said...

Je n'ai pas lu la critique encore mais deja je souris...

Fanny B. said...

NY + juif = Fanny?