Monday, April 2, 2012

Perfect sense, de David MacKenzie

Elle, vient tout juste de rompre et est malade d'amour. Chercheuse, spécialiste des épidémies, Susan est l'une des premières à avoir vent de cette étrange maladie qui frappe Glasgow comme New York et Pékin, et plonge ceux qui sont touchés dans le désespoir avant de les laisser sans odorat. Lui est cuisinier, bon vivant, juste heureux mais seul, incapable de supporter une présence constante à ses côtés. Susan et Michael se rencontrent dans ce contexte de menace, de maladie, où les sens de chacun sont un à un éteints, et la nécessité de s'attacher à quelqu'un de plus en plus forte.



Évidemment, on pense d'abord à d'autres films d'anticipation, qui, sur le même thème, s'interrogent sur la propagation d'un virus et prévoient une Apocalypse absurde, soudaine et incontrôlable. Le dernier film de Steven Soderbergh, Contagion, tentait vainement de mettre de la politique dans ce déchaînement, s'intéressant aux réactions des médias comme à ceux de la population, ou des politiciens. Blindness, plus réussi, restait agrippé à un petit groupe de gens face à la maladie. Les gouvernements intervenaient néanmoins de manière musclée, en mettant en quarantaine ceux frappés de cécité, sans réussir néanmoins à contrôler l'épanchement du virus. Perfect sense va encore plus loin en ce sens, abandonnant quasiment toute la partie politique et réduisant l'intervention des gouvernements à zéro. Il reste simplement que Susan, au cœur de la recherche sur les épidémies, est au courant la première des nouvelles attaques du virus. On ne s'y attarde pas plus que cela, et David MacKenzie préfère creuser le sillon des relations intimes.


Le premier sens touché étant l'odorat, et ne paraissant pas vital, du moins, ne créant pas de désordre comme dans Blindness la perte de la vue, on peut d'abord comprendre la molle réaction des autorités, peu alarmistes, et l'inaction des journalistes, et aussi de la population. Cette dernière s'affole, le temps de la crise, pour reprendre rapidement ses activités habituelles, par peur de l'ennui, du désœuvrement. La prise de position plutôt fataliste est dommageable au film, qui manque cruellement de feu et d'engagement. La relation de nos protagoniste ressemble alors au reste, fade, sans grande passion. En attendant passivement la calamité suivante, la relation qui naît manque de piquant. Non seulement Susan et Michael ne se demandent pas à quelle vitesse le virus va se propager, jusqu'où il va se développer... mais ils ne s'interrogent pas non plus sur la force de leurs sentiments. Susan, qui a tout de même le cœur brisé, semble s'en remettre sans avoir peur de s'engager de nouveau et de risquer la cassure de nouveau; Michael, qui pourtant n'arrivait qu'à dormir seul dans son lit, ne s'effraie pas de ce soudain attachement.


 Au vu de ces enjeux, mondiaux et intimes, Perfect sense manque de puissance.


Perfect sense
de David MacKenzie
avec: Ewan McGregor, Eva Green, Ewan Bremner,...
sortie française: 28 mars 2012

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