Depuis que le volcan Sakurajima, dans le sud de l'île de Kyüshù au Japon, crache de la cendre, les parents de Koichi et de Ryunosuke vivent séparés. La mère vit avec ses parents à Kagoshima, où elle prend supposément soin de Koichi, son aîné. Le père a emmené Ryu au nord de l'île de Kyüchù, loin du volcan et de ses cendres. Les deux frères vivent donc séparés mais restent proches et se téléphonent fréquemment, chacun surveillant les possibles histoires de cœur du parent avec qui il vit. Alors qu'un TGV va finalement relier le nord et le sud de l'île, Koichi se persuade qu'un vœu, formulé où les trains aller et retour se croisent, et multiplient leurs énergies, se réalisera. Il met donc en place avec ses copains un plan pour retrouver son frère à ce croisement, et souhaiter que sa famille soit de nouveau réunie.
On doit déjà au réalisateur Kore-Eda Hirokazu de jolis films qui voient les enfants, abandonnés par les adultes, prendre leur vie en main (Nobody knows, Still walking, Air doll,...) La sensibilité de Kore-Eda Hirokazu réussit à faire de gamins des personnes responsables de leurs actes, plus réfléchis et organisés que leurs parents. Ces enfants gardent toutefois leur fraîcheur, leur spontanéité et leur naïveté. Koichi et Ryu sont peu pris en charge par leur mère, ou par leur père. Ils font donc tout pour eux-même cultiver ce "lien invisible" qui les relie tous, et surtout eux deux, entre frères. Le réalisateur établit leur relation en montrant les deux enfants, chacun dans sa ville qui, malgré la distance et les différents contextes, ont les mêmes habitudes, les mêmes réflexes et les mêmes passions. Tous les deux ont le souvenir d'un vie commune, en famille, dans la même maison.
Cependant, le film reste bien réaliste, et ne joue pas sur les illusions que peuvent entretenir les enfants. Ceux-là ne croient plus au Père Noël, juste aux fantaisies auxquelles ils ont décidé d'adhérer. Koichi et Ryu grandissent séparément et développent leurs propres individualités. L'un a des copains, l'autre voit surtout des petites filles; Koichi passe soigneusement le chiffon pour se débarrasser de la cendre sur son tatami chaque matin, tandis que Ryu, qui n'a pas ce problème, soigne son potager; l'aîné excelle à la nage papillon, le cadet apprend à apprécier le chou,... Chacun a également sa vision de leur vie commune d'avant. Koichi s'en rappelle comme d'une époque bénie, et a l'image d'un picnic heureux dans un parc ensoleillé; Ryu se souvient des disputes et des cris dont il préférait s'éloigner. Lentement se construisent deux mondes en parallèle, bâtis sur des bases communes mais qui diffèrent par des détails. La première partie du film est consacrée à ces deux vies séparées.
A côté des deux frères, d'autres problèmes d'enfants surgissent, qui ressemblent aux problèmes des plus vieux. Les plus jeunes, comme les plus âgés, ont des rêves simples et irréalisables. Au milieu sont les adultes, déconnectés de la réalité mais aussi des rêves. Ils survivent avec l'alcool, dans l'attente passive de grandir enfin ou de vieillir un jour. Sans personnalité, ils pleurent sur le passé sans chercher à se fabriquer un avenir. Les enfants, eux, ont de vraies décisions à prendre. La cavale des deux frères et de leurs amis, qui réunira ce petit monde entre les deux villes où ils vivent, est un acte immature mais qui possède beaucoup de sens. En chemin, ils feront de plus le bonheur d'autres petits vieux. Et le final les montrera moins égoïstes que leurs parents.
Lorsqu'on parle d'enfants, on pense surtout film d'apprentissage, illustration de passage à l'âge adulte. Il n'en est rien avec I whish... Les plus jeunes sont d'abord les plus sages et, en suivant leurs aventures, on voit bien que ce sont les adultes qui auraient à apprendre d'eux.
Très doux, le film serait cependant à réserver aux plus jeunes, s'il n'était en japonais - allez donc emmener vos gamins voir deux heures sous-titrées!
I wish nos vœux secrets
de Kore-Eda Hirokazu
avec: Koki Maeda, Ohshirô Maeda, Ryôga Hayashi,...
sortie française: 11 avril 2012
No comments:
Post a Comment