Si certains sont passés à côté du matraquage médiatique plein de louanges à propos du dernier Clint Eastwood, en voici un résumé: Walt (Clint Eastwood himself) vient de perdre sa femme; ses deux fils, avec qui il n'a jamais réussi à communiquer, cherchent à se débarasser de lui et de leurs corvées quotidiennes (lui passer un coup de fil pour lui demander de ses nouvelles sans lui soutirer quoique ce soit, faire acte de présence à son anniversaire,..) en le refourguant à un hospice ou assimilé; pis que tout, ce vétéran de la guerre de Corée voit son quartier envahi par des étrangers, des asiatiques qui défigurent le voisinage. Dans le coin, la guerre des gangs fait rage, mais Walt surmontera ses propres a priori pour se lier d'amitié avec la jeune fille de la maison d'à-côté, Su, et en viendra presque à considérer le petit frère de cette dernière, Thao, comme son propre fils.
Si Walt est un vieux con raciste, Clint Eastwood n'oublie pas que, jeunes ou vieux, tous ont leur préjugés: ainsi, un noir considérera comme un injure d'être appelé "bro" par un blanc; les mexicains refuseront d'avoir quoique ce soit à faire avec les bridés. Walt n'est donc pas le seul à détester son semblable venu de loin; d'ailleurs, sa propre voisine, la grand-mère de Su et Thao, le lui rend bien et crache même son dégoût plus éloquemment que lui. Le film évite donc le cliché du blanc contre le noir; ici, c'est caste contre caste, et si on peut haïr d'emblée le personnage de Walt, alors on devra haïr tous les autres, car personne ne voit plus clair que lui. Si ce n'est Su; et encore, il aura fallu que Walt sauve son petit frère pour qu'elle cherche à lier connaissance. Voilà pour le message, à la fois simple et crédible, touchant aussi. Une ambition aussi simple doit cependant aussi être bien servie par la forme du film.
Et les médias l'auront assez bien relayé, la forme est magistrale. Le propre personnage qu'incarne Clitn Eastwood, est fin et sans complaisance. Son franc-parler oscille entre humour noir et insultes racistes, son seul grognement de rage suffit bien mieux que des phrases à le caractériser. Pas de changement radical dans son attitude; il restera tout au long du film arrogant et conservera son langage acide, même avec ses amis; l'évolution est plus subtile, comme si lui-même ne l'acceptait pas tout à fait. Mais il saura comprendre que sa propre famille, bien américaine pourtant, pourrait ne pas valoir grand chose de plus que ceux venus d'ailleurs. Les personnages secondaires, qui gravitent autour de Walt contruisent la base stable de la pyramide qu'il domine de son charisme. Définis, cadrés, Clint Eastwood ne cédera jamais à la facilité en les peignant en noir et blanc; il compose plutôt dans la gamme infinie des gris, où une nuance influe doucement sur une autre.
On aimera également la construction classique, carrée, de Clint Eastwood. Le film fourmille de détails simples, de repères visuels basiques, intégrés à la mise en scène. Ainsi, le film s'ouvre et se ferme sur des deuils; au début du film, la réunion qui suit l'enterrement de la femme de Walt s'oppose à la fête de naissance qui se déroule chez ses voisins; ou encore, plus visuel, la scène de la confession de Walt, tout en champs et contrechamps derrière l'étroite grille du confessoir, précède juste un dialogue hargneux entre Thao et Walt, qui a enfermé le premier dans sa cave, derrière une porte grillagée... Tous ces éléments montrent une maîtrise et une construction solide de la mise en scène.
Enfin, il est intéressant de faire le point sur le rapport qu'entretient Walt avec la religion, refusant de parler au prêtre, "un jeune puceau à peine sorti de son école", qui "ne connaît rien à la vie ni à la mort", dont il parle pourtant tout le temps. En effet, au contraire de son personnage, Clint Eastwood est farouchement catholique... Le réalisateur et acteur sait pourtant laisser ses idées parfois extrémistes de côté, au service de son personnage et de son film.
On aimera également la construction classique, carrée, de Clint Eastwood. Le film fourmille de détails simples, de repères visuels basiques, intégrés à la mise en scène. Ainsi, le film s'ouvre et se ferme sur des deuils; au début du film, la réunion qui suit l'enterrement de la femme de Walt s'oppose à la fête de naissance qui se déroule chez ses voisins; ou encore, plus visuel, la scène de la confession de Walt, tout en champs et contrechamps derrière l'étroite grille du confessoir, précède juste un dialogue hargneux entre Thao et Walt, qui a enfermé le premier dans sa cave, derrière une porte grillagée... Tous ces éléments montrent une maîtrise et une construction solide de la mise en scène.
Enfin, il est intéressant de faire le point sur le rapport qu'entretient Walt avec la religion, refusant de parler au prêtre, "un jeune puceau à peine sorti de son école", qui "ne connaît rien à la vie ni à la mort", dont il parle pourtant tout le temps. En effet, au contraire de son personnage, Clint Eastwood est farouchement catholique... Le réalisateur et acteur sait pourtant laisser ses idées parfois extrémistes de côté, au service de son personnage et de son film.
Gran Torino
de Clint Eastwood
avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her,...
sortie française: 25 février 2008
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