Thursday, September 29, 2011

Restless, de Gus Van Sant

Eunoch, orphelin, éprouve une étrange fascination à se rendre aux funérailles d'inconnus. Il rencontre, lors d'une de ces occasions, Annabel, qui force son amitié. Eunoch n'évoque pas avec elle sa perte, mais lui présente Hirochi, un fantôme japonais ex-kamikaze avec qui il joue à la bataille navale. Annabel lui parle de son cancer, de ses trois mois qui lui restent à vivre. Les deux adolescents vivent une histoire d'amour qu'ils savent courte.


Au vu de ce résumé, qui réunit en quelques lignes les mots "mort", "funérailles", "cancer", "orphelin", "kamikaze", on peut s'attendre à des larmes et une sacrée dose de pathos. Gus Van Sant a trouvé un très joli équilibre entre tristesse et légèreté. Il ne s'agit pas de faire pleurer dans les chaumières. Eunoch, malgré son air dandy et ses traits aristocrates, et une perte évidemment lourde, possède l'âme d'un enfant gâté, égoïste, bouleversé à l'idée d'être abandonné. Annabel, sous sa belle gravité, et une acceptation en apparence totale, cache la douleur de la maladie, et la peur de laisser derrière elle sa sœur adorée et sa mère angoissée. Il y a suffisamment de souffrance dans ces deux personnages, pour ne pas en rajouter dans l'odeur d'hôpital, les perfusions, le sang et les cheveux qui tombent.


Éthéré, le jeune couple erre dans un cimetière, pratiquent l'escrime, apprennent les noms latins des oiseaux, vit comme de jeunes oisifs dans des costumes années 20,... L'image est accompagnée d'un thème musical plein de douceur, de petites notes obsédantes au clavier ou de guitare, dépouillées. On pourrait dire que tout cela n'est que du cinéma, et que l'image du cancer est bien cachée derrière une belle guimauve. Mais justement, le cinéma, c'est du mensonge; et si Gus Van Sant ne montre pas la vérité toute moche, il ne passe pas pour autant à côté de son sujet, qui est bien l'évocation de la mort, de la maladie et de ceux qui restent seuls à vivre.


Restless réussit à simplifier un propos qui n'est pourtant, a priori, pas bien simple, avec de belles images propres au cinéma de Gus Van Sant. Le réalisateur ne se contente pas de filmer des gens beaux et jeunes, mais aborde réellement de front l'idée de la mort.


J'en profite pour faire le lien vers une vidéo Télérama, l'interview post-it d'Henry Hopper. Malgré sa jeunesse et sa soudaine notoriété, le garçon semble équilibré et vraiment pas bête. Il arrive à raconter des choses intéressantes alors que le concept même de cette interview est exécrable - il est où, le travail du journaliste??


Restless
de Gus Van Sant
avec: Henry Hopper, Mia Wasikowska, Ryo Kase,...
sortie française: 21 septembre 2011

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