Monday, May 21, 2018

#Normandicat2018 - 885km, 6850D+, 36h de selle/53h

Je ne sais plus quels chiffres ajouter dans mes titres ! Est-ce que toutes ces données ont du sens, pour vous ? Pour moi, elles ne veulent rien dire, d'autant que je suis nulle avec les chiffres, n'est-ce pas François ? Elles résument deux jours de voyage, elles disent "pas mal !", c'est-à-dire le contraire que ce que racontent mes fesses en rentrant. Je les garde pour le futur ; elles conservent mon ressenti. Je les analyserai dans quelques courses, dans un an et dans dix ans, comme je me rappelle ces premiers chiffres : 240km, 1700D+, 9h. C'est imprécis ; je n'avais pas enregistré le trajet aller pour me rendre au BRM200 de Noisiel en 2016, mon premier 200km, ma première journée passée sur le vélo. 


Depuis, j'ai déclaré ouvertement que la longue distance, c'était mon truc. Avec la #Normandicat, je bascule un peu plus loin, dans l'ultra-cycling.

Toujours pas des courses, mais le challenge contre moi-même prend du niveau. J'ai réussi à faire 900km en 53h, encouragée par une communauté, et par des potes bien plus forts que moi. Yoann, en préparation #TCR, a pris la #Normandicat de manière décontractée. Il est arrivé 5h plus tôt que moi. Je me testais également pour la première fois sur cette distance, avec un objectif de temps précis. Ca m'aide à estimer mes capacités futures.
J'ai détesté m'endormir et voir double ; me répéter, à voix haute et parfois en criant, trois phrases d'une chanson sans me rappeler la suite, pour me tenir éveillée ; le vent de face ; certaines grimpées et des lignes droites. J'ai adoré mes moments de tranquillité, dans lesquels je me sentais en phase avec mon vélo, la route et la météo ; ceux où j'imaginais les copains sur la route et ceux où on se rejoignait pour partager quelques kilomètres. Le deuxième jour, au soir, je n'étais pas fatiguée. J'ai oublié la course et j'ai roulé 80km sans voir le temps défiler, trop occupée à regarder la nuit tomber, les étoiles, ressentir un dénivelé qui m'aurait sans doute énervée si j'avais pu l'anticiper. J'ai mangé des insectes par inadvertance, et des chiens ont aboyé en me suivant sans que je ne les distingue dans le noir. On s'est abrité dans un abribus/bunker dans lequel les vélos étaient plus à l'aise que nous ; mon matelas s'est dégonflé et j'ai réalisé que les cailloux faisaient aussi bien office de matelas.
Après 900km, je n'aurai pas pu aller plus loin. Les quelques mètres pour rejoindre la gare de Bayeux se sont roulés les fesses au-dessus de la selle ; le soir, je n'ai pas pu déboucher une bouteille pour célébrer, les lèvres scellées par la crème, pour combler des gerçures. Le corps fait ce que le mental décide. En 2016, 200km ; après la #Normandicat, j'ai eu moins de courbatures qu'il y a deux ans ; dans quelques temps, j'irai plus loin, j'aurai moins mal. Je trouverai sans doute ça toujours aussi étrange, de souffrir sur la route, pour quelques instants de bonheur qui surpassent tout.

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