Thursday, June 11, 2009

Etreintes brisées, de Pedro Almodovar

Harry Caine n'a pas toujours porté ce nom, n'a pas toujours été seulement écrivain et scénariste, ni aveugle; dans une autre vie, des années auparavant, il partageait ce pseudonyme avec son véritable nom, Mateo Blanco. Il était réalisateur, et voyait. Mateo Blanco est mort avec la femme qu'il a aimé passionnément, Léna, une jeune femme à la fois opportuniste et naïve, vivant avec un vieil homme dont la jalousie détruira le couple. Harry Caine revit ces souvenirs, assailli par les questions du jeune Diego, le fils de Judit Garcia, son amie et ancienne directrice de production.


Mateo Blanco resurgit avec la réapparition d'un jeune fanatique, témoin derrière sa caméra et pour assouvir le voyeurisme de son père, des amours du réalisateur qu'il admire. Pedro Almodovar joue avec les différents points de vue de chacun des personnages, et leurs yeux cachés derrière les lentilles, ou devant les écrans. Mais, bien entendu, que ce soient les images d'Harry Caine, celles de l'admirateur éperdu, ou celles du réalisateur Pedro Almodovar, sont toutes les mêmes, ultra colorées, pleines de couleurs chaudes, de cadres bien posés; des femmes, belles, moins belles, mais toutes sublimées de lumière. Le scénario mêle également la fiction et la réalité, les histoires d'Harry Caine et celle de du passé de Mateo Blanco.


Ces enchevêtrements savants auraient pu donner lieu à un film génial, plein de sous-couches et de niveaux de lecture. Mais Pedro Almodovar livre un film plat, et rend son historie fade. Les souvenirs d'Harry Caine, l'histoire de Mateo Blanco refont surface sans heurt, sans danger, pour tomber dans l'oreille de Diego. Le récit de la passion tragique n'a pas autant de lyrisme dans les images que sur le papier (ou sur l'écran...). Penelope Cruz a beau se démener pour paraître ingénue, légère et entière, le film ne la sublime qu'elle en tant qu'actrice, et pas son personnage.


On ne s'ennuie pas en regardant ce dernier opus de Pedro Almodovar. Mais, sans risque, son film ne transcende pas non plus, et ne s'imprime pas au fond des rétines. L'impression, étrange et diffuse qu'il reste après la séance, est celle d'avoir vu un énième film d'un réalisateur trop encensé.




Etreintes brisées de Pedro Almodovar avec Penelope Cruz, Blanca Portillo, Lluis Homar,... sortie française: 20 mai 2009

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