Monday, June 22, 2009

Les beaux gosses, de Riad Sattouf - La journée de la jupe, de Jean-Paul Lilienfeld

Les beaux gosses et La journée de la jupe; les deux films veulent montrer une image juste et sans fard des adolescents d'aujourd'hui. C'est sans doute tout ce qui les relie, car le sujet traité ne l'est pas de la même manière. Pourtant, voir les deux films dans la même journée tisse une vraie relation entre eux.


Les beaux gosses se place dans un collège qui ne se démarque pas trop des autres; les mêmes sempiternelles bandes de garçons et des filles catégorifiées, dont les moches et boutonneux, Hervé et Camel. Les deux garçons sont obsédés par leur sexualité naissante, et déjà débordante, et par les filles, de préférence les plus jolies du collège, qui n'ont d'yeux que pour les vrais beaux gosses, rois de la cour de récré. Et puis Hervé réussit bien malgré lui à séduire Aurore, une de ces jolies filles. Les situations engendrées prêtent au rire, les dialogues sont jeunes et les dents pleines de bagues. C'est une adolescence à la recherche d'elle-même qui est montrée. Les enfants grandissent, couvés du regard par leurs mères, qui les laissent doucement partir en s'émerveillant de leur maturité nouvelle et hésitante.


L'image du film n'a rien d'exceptionnel, mais la réalisation est juste; on aurait pu aussi redouter les fausses notes d'un dialogue qui met à mal la langue française, mais il n'en est rien. Il n'empêche que le film ne décolle pas, restant trop près de la simple image brossée. Malheureusement, aucun fil rouge ne vient guider la narration; les gags plus ou moins grossiers s'enchaînent sans bousculer un rythme de croisière. On retiendra néanmoins le personnage de la mère d'Hervé, poule dépressive et attachée à son fils, gloussant au téléphone de manière énamourée les performances de son fils qui devient un homme; et le dernier plan du film, qui exprime de la manière la plus explicite et très justement comment les adolescents testent les différents aspects de leur tempérament et se construisent une personnalité qui leur ressemble.


La journée de la jupe se déroule dans un contexte beaucoup plus défini, extrême, celui d'un collège difficile où les élèves se catégorisent eux-même selon leur religion, leur sexe, et où filles comme garçons doivent jouer les gros durs pour s'imposer. Les cours de français de Sonia ressemblent à une arène où elle se bat pour se faire respecter, en vain. Chaque mot, chaque geste qu'elle dit et fait prête à la moquerie et sa classe est survoltée en permanence. C'est dans la confusion générale d'un cours qu'elle donne dans la salle de théâtre du collège qu'elle se retrouve un pistolet à la main. A bout de nerfs, elle s'en sert pour prendre la moitié de sa classe en otage et obtenir le calme de ses élèves. Alors qu'à l'extérieur, l'émeute risque d'exploser, et que les forces de la police tentent de comprendre les revendications d'un preneur d'otage non identifié, Sonia tente de donner un cours dans la salle de théâtre.



La journée de la jupe dresse un portrait juste d'une micro-société dont certains d'entre nous sont bien loin. Et pourtant la réalité est là. Non seulement dans les paroles, mais aussi dans les actes que l'on devine quotidiens de ces jeunes, qui prônent et demande le respect sans le donner ni le définir. Plus qu'un documentaire encore, le film se place du côté d'une fiction réaliste, mais fiction quand même; le scénario est bien écrit, et le réalisateur sait donner de la densité, un véritable passé, des secrets, à chaque personnage. Il réussit ainsi à faire passer de multiples messages, depuis celui d'une éducation inadaptée, à un autre sur la condition des femmes, en passant par des peines de coeur et de cul intimes et enfouies en chacun. Le film joue sur une émotion intense, parfaitement dosée, qui jongle sur la capacité du spectateur à accepter les tensions regroupées dans la salle de théâtre et les autres, celles de l'extérieur, des flics et des parents d'élèves, qui tous se focalisent sur ce lieu confiné et fermé aux regards comme aux oreilles.


Deux portraits de société, deux images des adolescents d'aujourd'hui, sont ainsi traités de manière distincte. Les beaux gosses traitent le sujet de manière légère et manque sans doute d'une véritable enjeu; La journée de la jupe réunit tous les atouts d'un film coup de poing, marquant et juste.





Les beaux gosses
de Riad Sattouf

avec Vincent Lacoste; Anthony Sonigo, Alice Tremolières,...

sortie française: 10 juin 2009


La journée de la jupe
de Jean-Paul Lilienfeld

avec Isabelle Adjani, Denis Podalydès, Yann Collette,...
sortie française: 25 mars 2009

2 comments:

axx said...

Tu l'as vu où/comment La Journée de la Jupe? Je voulais vraiment le voir quand il est sorti mais c'était il y a plusieurs mois et je l'ai raté… ta critique (même si un peu courte, soyons honnêtes ;) me donne le sentiment que le film est aussi bien que je ne le pensais…

Maintenant, s'ils avaient le bon sens de vraiment réformer la chronologie des medias, j'aurais sûrement moins de mal à le voir aujourd'hui…

Fanny said...

Ben vu qu'il est passé à la TV en même temps que sa sortie ciné, Alex l'avait récupéré et ça trainait sur son disque dur. Ca ne doit pas être trop dur à retrouver je pense ;)