Second fils du roi George V, le prince Albert Frederick Arthur George, ou Prince Albert d'York, appelé Bertie par sa famille, n'est pas destiné à régner. A la mort de son père le roi George V, c'est son frère aîné qui accède au trône sous le nom d'Edouard VIII. Cependant, Edouard VIII souhaite se marier avec une femme deux fois divorcée; contraint d'abdiquer pour ce faire, c'est alors Bertie qui devient George VI. Toujours délaissé, en tant que second né, Bertie n'a pas la carrure d'un roi et souffre d'un bégaiement qui ne lui permet pas de s'exprimer publiquement. Malheureusement, la radio se popularise de plus en plus, la seconde Guerre Mondiale éclate, et Bertie est bien forcé de soutenir le moral de la population. Après avoir vu nombre de spécialistes, sa femme déniche un étrange personnage australien du nom de Lionel Logue qui promet de faire des miracles et de soigner le roi.
Ne connaissant pas vraiment cette période de l'Histoire, je ne pourrais juger de la véracité des faits. Ils sont, dans leurs grandes lignes, vérifiés. Cependant, pour le détail, je vous laisse à vos documentations; Le discours d'un roi pourrait être une fiction, et l'histoire d'un homme contraint à parler en public alors qu'il est rongé par la timidité et terrassé par son bégaiement. C'est avec cet œil-là que je l'analyserai. Poussé par l'amour de son pays, soutenu par celui de sa femme, en colère contre lui-même et contre son éducation, qui ne l'a pas préparé à régner, Bertie se surpassera. Voici, somme toute, un scénario assez classique, qui mêle responsabilités patriotes, amour familial, dépassement de soi.
Colin Firth incarne un roi, et un homme, timide, mal à l'aise, intériorisant ses douleurs passées et dissimulant sous le masque de l'étiquette une sensibilité qui sied mal au trône. Tout l'enjeu est de suggérer ces blessures, et l'acteur réussit avec brio l'exercice. Cela lui vaut d'être nommé en tant que meilleur acteur aux Oscars cette année. Il faut avouer cependant, que je lui préfèrerai personnellement James Franco, qui soutient 127 heures seul face à la caméra, ou encore Jesse Eisenberg dans The social network, l'effet de nouveauté jouant en faveur de ce dernier. Colin Firth est finalement habitué, d'une part aux rôles de bègues - la pièce de théâtre Three days of rain, et le film A month in the country, de Pat O'Connor - et d'autre part aux premiers rôles. Souvent au devant de l'affiche, Colin Firth prouve encore une fois son excellence, avec toujours le même éclat et la même modestie.
A côté de lui, Helena Bonham Carter, qui incarne sa femme, et Geoffrey Rush, son thérapeute, sont également excellents, la première à la fois royale et amoureuse, le second énergique, tiraillé entre une amitié naissante et un devoir qui lui pèse. A noter également l'incarnation de Winston Churchill par Timothy Spall, qui met à profit son physique d'ours et joue aussi du défaut de diction de l'homme politique. En bref, les performances d'acteurs sont toutes parfaites, que ce soit grâce au casting de stars ou qu'il faille supposer que le réalisateur soit un très bon directeur d'acteurs.
Le réalisateur, Tom Hooper, semble d'ailleurs sortir de nulle part, pour tenir les rênes de son film basé sur une très belle affiche. Il a surtout opéré pour la télévision, et aurait réalisé un remake d'A l'est d'Eden qui sortirait prochainement. Tom Hooper maîtrise ce premier succès, et tient sa caméra de manière classique. Sa mise en scène est simple, voire très banale, et terriblement efficace. Mieux vaut cela qu'un exercice de style raté, et faire preuve de sang-froid sur les bases de la mise en scène est agréable à voir chez un jeune réalisateur. Il est néanmoins impérial dans ses cadrages et sa lumière, abusant des clichés londoniens et britanniques et s'y appuyant pour créer une atmosphère souveraine.
Le discours d'un roi se révèle donc, de part son casting idéal et sa réalisation sobre et remarquable, doublement efficient. Il n'a peut-être pas l'étoffe et le génie pour remporter la mise aux prochains Oscars, mais se place tout de même sur le haut du pavé des blockbusters américains.
Le discours d'un roi
avec Colin Firth, Helena Bonham Carter, Geoffrey Rush,...
sortie française: 02 février 2011
3 comments:
Chouette! Un blog de cinoche ... Certes, voilà des films qui ne passeront jamais à Bombay et n'arriveront jamais chez mon loueur de DVD, au moins je reste au courant!
J'adore le nom du blog!
Une lectrice d'Inde! Si ce n'est pas la gloire ça, merci de passer par ici!!
Et Bollywood alors, y'a du bon à voir par là-bas?
Héhé, pour les films qui sortent ici, celui-là est tout de même du bon blockbuster, peut-être qu'il arrivera jusqu'à toi. Sinon, je proposerais bien d'autres solutions de type illégales mais c'est mal, bien entendu. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour un peu de culture..
Bollywood, ca peut très marrant mais c'est tout de même assez différent. Je ne suis pas sûre que ça passe si on est pas n'est un minimum dans un "trip" indien.
Il y a en revanche un cinéma indépendant indien avec de chouettes films. J'ai d'ailleurs le projet de développer une rubrique de mon blog là dessus mais c'est balbutiant!!!!
Ici, Hollywood fait sur les écrans des apparitions éclairs, censurées. Le world cinéma, quand à lui,ce sont de rares festivals, et mon loueur (fort sympa d'ailleurs).
DOnc, oui, une petite frustration cinéma, c'est sur!!!
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