Il semblerait que depuis qu'il est né, Malony est un enfant "à problèmes", et sa juge l'a vu souvent dans son bureau, accompagné d'une mère trop jeune. Malony grandit, continue ses frasques, se désintéresse de l'école. Il a fini par se dire qu'on lui refusera tout, toute sa vie. La juge continue de croire en lui, et son nouvel éducateur, délinquant dans le passé, veut aussi espérer.
De six à dix-huit ans, Emmanuelle Bercot montre l'évolution de Malony, vers une possible rédemption ? Pas sûr. Malony en naissant, n'a pas grand chose pour lui, notamment une mère qu'on ne voit pas changer (ou trop souvent, lunatique comme elle est), du début à la fin : Sara Forestier, accrochée aux rôles de gamines de banlieue, se montre tout à tour fuyante, irresponsable, pute, abattue, aimante,... Comme si dix-huit ans était l'ultime limite pour pouvoir encore changer, elle a dépassé ce seuil ; Malony s'approche dangereusement de la frontière, avant le monde adulte dans lequel il sera seul. Avant, il y a encore sa juge, et son éducateur, qui pourraient être sa planche de salut. Endurci, il ne les voit pas, il les refuse.
Emmanuelle Bercot ne condamne ni le système, ni sa famille, ni Malony : c'est la combinaison des trois qui place le garçon dans le pétrin, droit vers la prison et sans espoir de retour. Si on aperçoit parfois des lueurs positives, le film les détruit une à une, à l'aide de l'un ou l'autre de ces "murs". La tête haute est donc un film extrêmement dur, violent, et émotionnel, désespérément noir. La tête haute, c'est celle de Malony, qu'il refuse de baisser, devant quiconque. Son obstination le conduit surtout à se cogner. La juge pour mineurs, aussi, ne baisse pas la tête, ou les bras. Elle ne se laisse pas impressionner, même si elle montre des moments de doute, seule dans son bureau. Elle tente jusqu'au bout de sauver Malony. Les deux personnages se font peu d'illusions. Pourquoi espérer, pourquoi continuer, pour qui, pour quel genre d'avenir ?
Le film n'est pas pour autant dépressif. La réalisatrice place le spectateur du côté de la lumière, et on souhaite tendre la main à son héros, autant qu'on désire lui coller des baffes. En effet, malgré l'horizon bouché... Malony se bat, rencontre quelqu'un ; la juge continue de lui tendre la main ; l'éducateur apprend de ses erreurs. Dépassant l'instinct de survie, les personnages recherchent âprement le bonheur.
Le film n'est pas pour autant dépressif. La réalisatrice place le spectateur du côté de la lumière, et on souhaite tendre la main à son héros, autant qu'on désire lui coller des baffes. En effet, malgré l'horizon bouché... Malony se bat, rencontre quelqu'un ; la juge continue de lui tendre la main ; l'éducateur apprend de ses erreurs. Dépassant l'instinct de survie, les personnages recherchent âprement le bonheur.
C'est l'amour qui les sauvera tous, bien sûr, mais de manière pas si simple, avec toujours autant de heurts et de murs entre la vie de Malony et son avenir. Le Festival de Cannes s'est ouvert cette année avec une grande noirceur et une belle lumière.
La tête haute
d'Emmanuelle Bercot
avec : Rod Paradot, Catherine Deneuve, Benoît Magimel,...
sortie le : 13 mai 2015
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