Paolo Sorrentino est un réalisateur, scénariste, et acteur napolitain. J'ai été voir son dernier film, Il Divo, pour la seule et bonne raison que j'adore le cinéma italien, où les acteurs parlent... italien. Amoureuse de l'Italie, j'en aime la langue autant que les paysages, l'art et la culture en générale. Je suis donc relativement calée sur l'Hisoire de ce pays, et je ne manque pas une occasion d'en apprendre un peu plus, notamment lorsqu'il s'agit d'une biographie filmée.
Il Divo retrace une partie de la carrière politique de Giulio Andreotti, député puis sénateur italien qui a établi des rapports douteux avec la mafia. Je ne saurais en dire plus, car le film ne m'a pas plus éclairée que cela. Pour être franche, je n'y ai absolument rien compris; ni à quelle époque cela se passait exactement, ni quels étaient les personnages qui encadraient Giulio Andreotti, ni ce que tout le monde traitait là comme affaire. Cependant, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde.
En effet, le traitement de l'image, de la photo, le rythme, l'enchaînement des plans entre eux, mettent en évidence la maestria avec laquelle le réalisateur domine sa mise en scène. La caméra prend part à un véritable ballet dans lequel les dialogues sont subtils, et minimalistes, l'humour pince-sans-rire, les personnages cyniques et dignes, le cadrage inventif et percutant, la musique magistrale et servant merveilleusement le tout,... et bien d'autres. Les très fins connaisseurs de la période n'apprécieront que plus. Pour ma part, il ne fallait pas que j'en reste là, et j'ai donc vu Le conseguenze dell'amore (pas besoin de traduction, j'imagine?).
Titta di Girolama, la cinquantaine bien frappée, contemple, plein d'ennui, le monde qui l'entoure. Chaque jour la même routine le sort de sa chambre d'hôtel où il vit, l'emmène au bar de cet hôtel, dans le même fauteuil, où il fume inlassablement cigarette sur cigarette sans adresser la parole à personne, même pas à la serveuse, toujours la même depuis des années, qui lui souhaite le bonjour chaque matin. Titta di Girolama ne semble pas obéir à ce rite par lassitude; il attend et observe, il contemple, perdu, les gens qui vivent. Certaines fois, la routine toujours, mais plus vite: une main dépose une valise devant la porte de sa chambre, il la prend, l'emmène en voiture jusqu'à un lieu où seront comptés à la main les billets qu'elle contient.
Ces quelques lignes de scénario établissent une histoire plus cadrée que Il Divo, avec des repères que j'ai cette fois-ci tout à fait intégré. Qui est cet homme, pourquoi vit-il dans sa chambre d'hôtel, qu'est-ce que cette valise? Situation, questions, et réponses en temps voulu. Le tout, une nouvelle fois servi par ce rythme fabuleux qui donne aux films de Paolo Sorrentino une touche très personnelle et très reconnaissable. Les cadres sont sublimes, le rythme, toujours aussi ahurissant, la musique, presque techno par moment, élégante et pleinement en accord avec l'image.
Les personnages enfin, sont eux aussi magnifiques, par leur physique (je retiendrais notamment le visage fatigué, les traits tirés et les yeux immenses de la femme de ménage) autant que par leur charisme. Toni Servillo est Titta di Girolama; l'acteur a joué dans tous les films de Paolo Sorrentino et impose sa stature digne, son visage hautain et fatigué, son air nonchalant de fumer une cigarette. L'acteur, très présent au théâtre, occupe autant de sa présence le cadre que s'il était sur scène.
Je n'en suis donc qu'à ma deuxième expérience cinématographique avec Paolo Sorrentino. Je ne suis pas prête de m'arrêter là. Les prochaines sur la liste: L'uomo di più et L'amiglo di famiglia. Je compte bien être une nouvelle fois subjuguée par la maestria de Paolo Sorrentino.
1 comment:
Je persiste à croire qu'il y a pas mal de points communs dans le style de Consequenze et Il Divo, mon petit doigt me dit que ça ne l'étonnerait pas que ce soit le même réalisateur. Hein, quoi ? Qu'est ce que j'ai dit encore ?
Sinon, félicitations, car vous avez une bien belle écriture, vous.
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