Sunday, May 17, 2009

Star Trek, de J.J. Abrams

Star Trek, sincèrement, à part une série de l'espace, des oreilles pointues et un langage klingon, je ne voyais pas bien à quoi ça pouvait ressembler. Ca tombe bien, car Star Trek, le film, explore les origines de la série et le premier voyage de Kirk et Spock à bord de l'U.S.S. Enterprise. Avec donc un peu d'espace, un peu d'oreilles pointues, et, à défaut de Klingon, un Romulien (traduction: un type d'une espèce extra-terrestre). Kirk et Spock ne sont que des étudiants; le premier porte le passé de son père, formidable pilote s'étant tué pour sauver son équipage, sur ses épaules de footballeur américain; le second, tout aussi aux prises avec le poids de ses géniteurs, père vulcainien et mère humaine, est nettement plus réfléchi et mature. Après une brève introduction concernant une enfance débraillée d'un côté, studieuse de l'autre, et sur les raisons de leur engagement envers Starfleet, voilà nos deux héros rapidement embarqués dans le premier vaisseau de la flotte pour aller contrecarrer les plans d'un obscur Romulien à la recherche de Spock.


L'histoire pourrait ensuite se résumer à une vague course-poursuite entre les gentils et les méchants. Attention, pas exactement course-poursuite du type dérapages entre deux falaises, non, plutôt petit cache-cache dans le vide inter-sidéral. En effet, l'action a du mal à décoller. Et quand une urgence arrive, tout en contradiction, les personnages se permettent des touches d'humour pour détendre un peu plus le spectateur endormi. Ces pointes de drôleries, soit tombent à plat vu qu'elles sortent de nulle part, mal introduites, piques à bout rond, soit agacent par leur incongruité dans un contexte en désaccord. Seul l'humour anglais se distingue, mais ne sauve pas la mise, sur deux ou trois répliques. A part ce dernier personnage, qui invente la téléportation à une vitesse surréaliste certes, mais qui est drôle, les autres sont sans saveur et possèdent des caractères fort convenus. Les extra-terrestres parmi tous ceux-là, dont l'un d'eux qui accompagnent l'Anglais, sont parfaitement inutiles et comblent l'espace des figurants.


Les situations ne sont pas plus originales. Une séquence notamment, rappelle fortement les débuts de Star Wars Episode V, dans une contrée blanche peuplée de bestioles malfaisantes. Dans un condensé Georges-Lucasien, notre héros Kirk y sera en exil et y trouvera un vieux sage qui lui servira de guide. Les références et les hommages ne sont évidemment jamais de trop, mais un peu de subtilité aurait été bienvenue, surtout lorsque la copie fait pâle figure et a bien moins de classe que le maestro. D'autres situations prêtent encore à rire jaune, mais la dernière absurdité est la plus grosse. En effet, alors qu'une gouttelette minuscule et manipulée avec force précautions, suffit à anéantir une planète entière, comment l'explosion du vaisseau contenant des litres de matière rouge ne crée-t-elle pas un trou noir suffisamment gigantesque pour engloutir tout l'univers, ou au moins les planètes à proximité, dont la Terre, qui est placée à distance de foreuse?


A cette histoire ennuyeuse s'ajoute une réalisation pédante et prétentieuse. La mise en scène oublie de faire ressentir la vitesse des déplacements, l'impact des projectiles, ou la propulsion brusque des décollages. Le spectateur reste bien calé dans son fauteuil sans jamais passer l'atmosphère. De temps à autres, ou même souvent, la caméra se pose de travers, dans le but sans doute de faire oublier l'horizon ou la gravité terrestre. Les lens flare ne cessent de balayer l'écran dans l'idée illusoire de rappeler aussi l'espace. En résumé, l'image ne sait absolument exprimer les intentions de la narration. La preuve dans cette scène navrante où Kirk et son compagnon de voyage découvrent le gigantesque vaisseau au cœur duquel ils vont atterrir: la musique, pompeuse, et les dialogues, sont là pour dire ce que l'image n'arrive pas à montrer, et expliquer que ce vaisseau perdu dans l'espace, banal et mille fois vu dans les films de SF, est en réalité immense, magnifique et réellement imposant.




Star Trek
de J.J. Abrams
avec Chris Pine, Zachary Quinto, Eric Bana,...
sortie française: 06 mai 2009

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