Friday, January 1, 2010

Gamines, de Eléonore Faucher

Sybille est une femme accomplie, écrivain à succès. Alors qu'elle se rend à une présentation de son livre dans la ville de son enfance, elle se rappelle ses souvenirs, ses sœurs, sa mère qui les a élevées toute seule, son père, absent, qui remplissait leurs pensées. Sybille était le garçon manqué de la famille, blonde parmi les bruns italiens, portrait de son père, blond, et français.


Le montage parallèle montre Sybille, interprétée par Sylvie Testud dont le livre a été adapté, qui marche sans fin, traînant une petite valise, sa fatigue, dans un train et dans une chambre d'hôtel. Les gros plans, les focales très courtes qui emplissent l'écran de flou irréaliste, sa voix lancinante, triste, veulent être les intermédiaires vers son enfance lumineuse quoique difficile. On plonge alors dans la vie de ces enfants pas si sages, qui parlent de leur père à tout bout de champ sans jamais le rencontrer, espionnent leur mère tendrement aimée lorsqu'elle lui parle en chuchotant au téléphone. La famille qui les entourent contraste avec la solitude de Sybille, plus âgée, en route vers sa conférence. Ils sont là, volubiles, bronzés, italiens, des clichés heureux et faciles.


Entre ces deux images, pas de demi-mesure, que des stéréotypes et des banalités, des histoires de petites filles qui défont leur tresse avant d'entrer dans la cour de récréation, qui se battent avec les garçons, et on met tout cela sur le dos d'un père absent. La conclusion du film, elle aussi, est décevante. On se demande bien pourquoi, durant tout le début, Sybille est apparue avec cette figure décomposée, comme si elle se rendait à l'abattoir, alors qu'elle est ravie de retrouver les siens, grandis, vieillis, grisés, et ses sœurs, à l'image de ce qu'elles étaient petites filles. Le père, ce point d'interrogation de toute leur vie, répond enfin présent, mais n'apporte pas la moindre réponse. La morale est banale, les petites filles ont grandi sans lui, et sont devenues heureuses malgré ce manque.


Assez insipide pour résumer, Gamines n'a pas le charme que pouvait présager l'écriture de conte de Sylvie Testud.


Gamines
de Eléonore Faucher
avec Sylvie Testud, Amira Casar, Zoé Duthion
sortie française: 16 décembre 2009

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