Claire, dix-sept ans, évite soigneusement son grand-père qui a sa tutelle et vit avec elle dans sa grande maison. Elle a laissé tomber les études, se heurte au monde adulte avec un front buté, trouve un peu de réconfort avec la natation et auprès d'un jeune homme rencontré dans un bar. Son grand-père la laisse vivre tout en souffrant de ne pouvoir lui parler. Il vit confronté à ses souvenirs, celui d'une femme qu'il a l'impression d'avoir envoyé à la mort durant la seconde guerre mondiale.
La dichotomie évidente entre ces personnages est soulignée plus encore par la réalisation. La caméra suit Claire à l'épaule, agitée, cadrée de justesse, enveloppée de musique pop; Maurice, le grand-père, écoute des orchestres classiques, et marche au ralenti dans des cadres fixes, au rythme lent des mouvements de caméra. Comme si le fossé évident entre générations ne fonctionnait pas assez de lui-même, le réalisateur tient à souligner de traits grossiers les mondes opposés dans lesquels vivent ses personnages. Cependant, il s'attarde surtout sur celui de Claire, emblème de l'adolescente éternellement tourmentée par ses amours naissantes et par sa franche révolte au monde adulte.
On se demande alors quelle est la véritable histoire que souhaite conter le film. Le scénario ne cesse de varier, accentuant une fois la relation grand-père/petite-fille, puis les différentes "relations" qu'entretient Claire avec ses amis et son petit-ami, ainsi que la période d'apprentissage qu'elle traverse. Le spectateur ne sait sur quel pied danser, ni à quelle histoire se vouer. Il y a Claire, qui évite son grand-père; Claire, qui fuit ses amis, puis revient vers eux comme si elle ne les avait quittés; Claire encore, vivant une histoire d'amour improbable avec un type rencontré au hasard; Claire toujours, qui hésite entre la natation et les études peut-être, quoique son avenir ne soit jamais réellement évoqué. L'adolescence et ses interrogations, ses tergiversations ont déjà été mille fois évoquées, et Laurent Perreau ne tente malheureusement rien de nouveau de ce côté. Claire reste imperméable, incompréhensible dans ses choix faits sur des coups de tête injustifiés.
Le réalisateur ne réussit pas à rendre son propos concis, et s'égare sur les mille chemins que son sujet rend propices. Les pitreries de Michel Piccoli n'en paraissent que plus lamentable, désespérées de donner un peu de légèreté au propos, tandis que Pauline Etienne montre toujours sa figure grave et immature, à la caméra.
Le bel âge
de Laurent Perreau
avec Michel Piccoli, Pauline Etienne, Eric Caravaca,...
sortie française: 30 décembre 2009
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