Thursday, May 13, 2010

Lenny and the kids, de Joshua et Benny Safdie

Lenny a la garde de ses enfants deux semaines par an. Son ex femme ne lui fait pas confiance, et peut-être a-t-elle raison. Lenny a ses obligations de travailler tard dans sa cabine de projectionniste, il vide le paquet de céréales sur la table pour montrer le cadeau qu'il contient: un petit lézard, il case ses enfants, sa copine, dans son studio, part en weekend avec la fille rencontrée la veille au soir et chez qui il a passé la nuit pendant que ses enfants dormaient. Lenny fait tout et n'importe quoi, adorant ses enfants, mais aussi sa liberté d'homme célibataire ou presque. 





Sans début ni fin autres que ceux délimitant la période de garde de Lenny, l'histoire est donc décousue, faite de ces petites séquences mises bout à bout, et qui dressent un portrait d'une relation entre un père et ses deux enfants. Lenny est avant tout leur papa: il les borde, leur raconte des histoires, va les chercher à l'école, doit se dépatouiller entre ses devoirs de père et son boulot d'homme. Malheureusement, Lenny est un papa catastrophe, qui se laisse envahir par l'émotion d'avoir ses fils près de lui. Pour en profiter au mieux, il hésite à être leur ami. Alors, il marche sur les mains dans la rue, les fait sortir du lit trop tôt pour profiter des journées, engueule leur directeur d'école parce qu'ils ont fait des bêtises et ont reçu la juste punition qui leur revenait. Au-dessus de tout semble-t-il, Lenny aime sa liberté. Il a beau avoir une petite amie, il vit seul et couche avec une autre; il se laisse submerger par son travail, un peu minable d'ailleurs, et manque de tuer ses enfants en leur donnant des somnifères pour ne pas qu'ils se réveillent dans l'appartement qu'il a lui-même abandonné.


Lenny pourrait être touchant. Mais il surtout très pitoyable et égoïste.  Vivant dans un minuscule studio, Lenny n'a même pas d'ami fidèle. Sa petite amie, plus jeune que lui, montre bien l'état d'esprit attardé dans lequel il est. Est-ce une belle attention, de droguer ses enfants pour qu'ils ne trouvent pas l'appartement vide à leur réveil? Surtout une décision qui lui permettra d'avoir la paix quelques temps.  L'image, caméra à l'épaule, cadres posés n'importe où, grain énorme, se veut réaliste. Comme d'habitude, elle est juste laide et met en avant plutôt qu'elle ne la dissimule, la caméra, et donc le scénario de la réalité. Le spectateur blâme un père lamentable et des enfants insupportables. Leur mère, qui apparaît de temps en temps, doit avoir quitté le père de sa progéniture à cause de son air d'adolescent attardé qui refuse de prendre ses responsabilités. Pourtant, à l'attitude des deux gamins, on peut se dire qu'elle les élève d'une manière qui leur fera connaître le même destin que leur nullard de père.


Les frères Safdie, voulant faire dans l'insouciance et la spontanéité, ont oublié de faire du cinéma.


Lenny and the kids
de Joshua Safdie, Benny Safdie
avec Ronald Bronstein, Sage Ranaldo, Frey Ranaldo,...
sortie française: 28 avril 2010

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