Bennett est amoureux de Rose; ils ont seize ans, et font l'amour ensemble pour la première fois. Bennett raccompagne Rose chez elle en voiture; sur le chemin, il s'arrête pour la regarder dans les yeux et lui faire une déclaration; un autre automobiliste déboule, Bennett meurt. Le conducteur de l'autre voiture est dans le coma; Rose est sauve. Les parents de Bennett sont effondrés, son frère, qui a toujours souffert d'être le cadet, regrette aussi son aîné, et Rose, enceinte et délaissée par ses parents, sans le sou, s'intègre dans la famille Brewer.
La mise en place de l'intrigue est rapide et efficace. Avant même le générique, Bennett découvre l'amour physique et meurt. La douleur de ses parents est palpable, sans hurlement ni grand mot, assez subtile et efficacement installée, tout comme les personnages. Susan Sarandon, qui interprète la mère de Bennett, réagit comme si on avait arraché un morceau d'elle-même. Elle ne peut que penser à son fils, et ne dormira pas avant d'avoir su les quelques mots échangés entre son fils et le chauffeur qui l'a percuté, juste avant que ce dernier ne tombe dans le coma. Susan Sarandon est évidemment superbe. Pierce Brosnan, que j'étais curieuse de découvrir autrement que dans la peau d'un quadragénaire sexy jouant de ses cheveux gris, est étonnant de justesse et de crédibilité. Sa douleur est mesurée; ce père tente de continuer à vivre, sans renier la mémoire de son fils, et sans nier son chagrin. Il tente, vainement, de changer les idées de sa famille, de prendre soin des siens, et de continuer à vivre.
Il faut bien avouer que j'ai demandé ce film spécifiquement à Cinetrafic, désireuse de découvrir Carey Mulligan - LA révélation de cette année dans Une éducation. On la découvre, avec son joli minois, ses cheveux courts, déjà adorable. Malheureusement, son personnage n'est pas vraiment à la hauteur de son talent. La solitude de Rose n'est pas exploitée, et son personnage n'est qu'un faire-valoir des disputes qui opposent les parents de Bennett. Elle déambule, sans justification, entre le père, la mère, et le frère de Bennett, leur donnant simplement l'occasion d'exprimer leur désarroi, et servant de point de départ aux flash-backs qui permettent de découvrir un peu le quotidien d'adolescents américains. De son côté, elle semble presque moins touchée par la mort de son petit ami que les membres de la famille de ce dernier. Sa grossesse n'est que peu remise en compte.
La mise en scène manque aussi de subtilité. Pas grossière, mais cousue de fil blanc, la réalisation sait jouer des silences et des changements de rythme, mais pour mieux rajouter des violons dans les moments tragiques qui n'auraient pas besoin d'être tant soulignés. On aurait pu rester dans la mesure, que sait si bien, curieusement, dispenser Pierce Brosnan. Mais le scénario manque cruellement d'intérêt, tout comme les personnages manquent de profondeur, malgré leurs interprètes doués. Le petit frère, gentiment drogué, aimait finalement trop son aîné; le père présente soudain tous les signes d'une crise cardiaque, tant il se dévoue aux autres; la mère ouvre les yeux sur son fils et l'amour véritable qu'il portait à Rose - tout le monde sait qu'à seize ans, on rencontre forcément le grand amour, et qu'on fait l'amour comme un dieu - alors que le type qui sort du coma lui raconte toutes les bontés de ce pauvre Bennett mort. Les dialogues s'enchaînent sur autant de clichés.
La découverte de Carey Mulligan et de Pierce Brosnan ne vaut pas le coup de voir ce mélo dépourvu de délicatesse. Un premier film qui ne donne pas envie de voir un second, au titre plutôt niais, Love don't let me down (en post-production).
The greastest
de Shane Feste
avec Pierce Brosnan, Susan Sarandon, Carey Mulligan,...
sortie française: 2 décembre 2009
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