Sunday, November 20, 2011

Jeanne captive, de Philippe Ramos

En 1430, Jeanne d'Arc, après avoir levé le siège d'Orléans et conduit le dauphin Charles à son sacre de Reims, est capturée par les Bourguignons à Compiègne. Vendue aux Anglais, elle tente de se suicider et Dieu arrête de lui parler. Dans sa prison, elle se tait alors elle aussi, et son geôlier craint pour sa valeur marchande.


Jeanne, interprétée par Clémence Poésy, reste donc quasiment muette durant toute la durée du film. Cela donne, à l'image, des gros plans sur ses narines, vues de dessous - elles sont propres -, car il semblerait que, lorsqu'on ne parle pas, on pense tout de même, et pour supposer la pensée, il faut tourner la caméra vers le ciel. En conservant l'actrice principale à l'image, on voit donc des narines. Les pensées, cela donne, au son, de la voix off. Beaucoup de voix off, car si les gens pensent, ils prient aussi, et s'ils se parlent, c'est sans se répondre. Les monologues s'enchaînent, inspirés - par Dieu sans doute -, et l'image ne sert plus qu'à illustrer ces poèmes déclamés.


En plus de narines, si vous voulez un résumé du film, on a aussi des plans sur des flammes de bougies; des bannières en slow motion; des surimpressions de paysages.


Le discours est censé être beau, et l'image supposée accompagner cette beauté. C'est pourtant du mauvais téléfilm qui est livré. L'explication est peut-être que le réalisateur s'est débarrassé de son chef opérateur pour maîtriser SA lumière. Qui est laide comme tout, brute, abrupte même, directe, froide. Tout comme les dialogues qui résonnent entre des murs de pierre, cette lumière enlaidit la moindre petite action. La musique connaît le même dépouillement; allergiques à la flûte, passez votre chemin.


La réflexion sur le corps de la vierge, manipulé comme un objet, mais sans réelle concupiscence, aurait pu être intéressant. Mais il n'est qu'effleuré, comme si le réalisateur avait lui aussi peur de s'en approcher réellement. Il reste alors sur la question de l'enfermement, opposant ceux qui souhaitent délivrer Jeanne d'Arc d'un inévitable procès qui conduira à la mort, en la maintenant en prison, et ceux qui veulent la brûler au plus vite, la délivrant ainsi de son calvaire et du temps.


Cependant, c'est vraiment parce que je m'embêtais durant le film que j'ai pu trouvé cette minuscule piste de réflexion. En vérité, cela m'étonnerait fort que Philippe Ramos ait cherché quoique ce soit à raconter.


Avec une série de déceptions cinématographiques, et une énorme charrette au boulot, je vais probablement ralentir la cadence. Pendant un mois, il n'y aura peut-être pas beaucoup de nouveautés ciné, mais plutôt des rétrospectives et des expos, histoire de souffler. Peut-être aussi que je deviens insensible à force de voir trop de choses, et qu'il faut que je m’aère les idées! On restera dans la culture, et dans l'image, mais attendez-vous à découvrir moins de films récents ici...


Jeanne captive
de Philippe Ramos
avec: Clémence Poésy, Liam Cunningham, Mathieu Almaric,...
sortie française: 16 novembre 2011

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