Monday, November 14, 2011

Métropolis, Fritz Lang, à la Cinémathèque française

En 1927 sort Métropolis, du génial Fritz Lang. Le réalisateur est déjà adulé à l'époque du muet, avec son cinéma expressif, à l'esthétique abstraite et pourtant éloquente. Il est le premier sur les nouvelles technologies de l'époque, et amorce le virage vers le parlant avec un grandiose M le maudit en 1931. Métropolis ne connait donc pas encore le son. Fritz Lang réussit néanmoins avec ce film un tour de force, avec effets spéciaux à foison et figurants par milliers. Aujourd'hui, que reste-t-il de l'aspect novateur de Métropolis, dans un monde de cinéma où la maquette est moins utilisée que le fond vert? C'est la question que pose la Cinémathèque française, à travers une exposition où elle met en valeur un seul film dans la grande carrière de Fritz Lang.


Y'avait un teasing de malade qui disait que j'allais me rendre à cette expo. Comme si le monde ne se doutait pas que j'allais y mettre les pieds. Comme si le monde en avait quelque chose à faire. M'y voici donc, pour une fois pas au dernier moment, la dernière semaine de l'exposition. Premier constat, ce n'est pas bien grand, et la mise en scène est assez classique; on passe de salle en salle, sobrement éclairées. Chaque partie ouvre avec un extrait, suivi d'un diaporama de photos de tournage. C'est assez intelligent, et on balance ainsi entre le film et les documents. On passe de salle en salle selon les décors: la ville des fils, la cathédrale, l'usine, etc etc. Tout en suivant ce chemin, somme toute banal, mais bien organisé, on glane ici et là des infos qui nous permettent de revenir sur le thème me paraissant être au centre de l'exposition: la nouvelle technologie de 1926 utilisée par Fritz Lang.


Il est évident que Métropolis est un film moderne, qui se retrouve dans bon nombre de films d'aujourd'hui, sous forme d'hommages, conscients ou pas. Ses décors ont inspirés ces villes verticales, au milieu desquelles circulent des autoroutes; la plupart des androïdes trouvent leur maternité dans la Maris-robot de Fritz Lang; l'industrie mise au pas, les cyborgs,... tous les cinéastes ayant touché à la scicen-fiction y ont puisé quelque chose.


L'exposition se termine sur une approche du travail de restauration. Malheureusement, c'est bien là qu'elle aurait du débuter, avec tous les documents précédents servant uniquement de prologue. C'est dans la technique, utilisée par Fritz Lang avec brio - plusieurs caméras au tournage, afin de pouvoir viser un maximum de copies nitrate par la suite, des maquettes dans tous les sens, un jeu de miroir pour permettre d'agrandir les perspectives, du travail d'effets spéciaux image par image,... - qu'on arrive à encore apprécier Métropolis. Au-delà de ça, il faut bien avouer que le muet nous semble un peu long, et que les acteurs surjouent. Bref, si on ne regarde pas Métropolis comme une œuvre d'art, on s'embête fichtrement. Alors, tant qu'à observer, décortiquer, et analyser avec un œil curieux, un film dépassé comme l'est Métropolis - et certains l'avaient déjà noté à l'époque, critiquant négativement l'aspect manichéen du film, voyant un scénario délaissé pour la technique et le spectaculaire. Un peu comme un Avatar aujourd'hui, qui nous balance une histoire chiantissime mais EN RELIEF messieurs-dames. Tant qu'à disséquer Métropolis, autant y aller à fond dans la technique.


Il ne me suffit pas de savoir que les statues maquettées ne faisaient que 20 centimètres de haut, pour un résultat sur l'écran de près de 3 mètres. J'aurai voulu savoir comment - et qu'on ne me réponde pas "grâce à des miroirs", parce qu j'ai du mal à visualiser le concept si on ne me l'explique pas plus que cela. De même, le travail sur la restauration de la copie du film est passionnante; amputé de 30 minutes, le montage de Fritz Lang est diffusé par la Paramount en majeure partie. Pourquoi ces trente minutes en moins? Quels conséquences sur le film? On a alors chercher à remonter le fil du temps, retrouver des bouts de pellicule, pour remonter le film tel qu'il était voulu par le réalisateur. C'est là qu'on apprend que la musique du film lui donne son rythmé, et les chercheurs ont retrouvé la timeline du montage en s'appuyant sur des partitions musicales. S'ensuit un travail considérable sur la restauration du négatif en lui-même.


L'exposition Métropolis a la bonne idée d'interroger sur la pérennité d'un film. Son propos et sa technicité sont des témoins d'une époque cinématographique. Mais l'exposition interroge beaucoup, sans forcément donner de réponses à tout.


Métropolis - Fritz Lang
jusqu'au 29 janvier 2012

2 comments:

Manu said...

Comme tu y va fanny, a déboiter le scénario de cette œuvre majeure (fondatrice !) du cinéma de SF ;)
Je ne pense pas qu'avatar puisse se comparer car n’étant pas un tournant du genre comme l'a pu être Métropolis. Et puis il faut remettre un peu ça dans le contexte des films de l'époque.

Fanny B. said...

Bah oui, même à l'époque, le scénario a été critiqué... Du genre "beau spectacle, mais au détriment de l'histoire", d'où ma comparaison avec Avatar... A voir aujourd'hui, le scénario est carrément dépassé... et la technique aussi. Mais la technique reste passionnante à étudier, tandis que l'histoire a encore perdu de son intérêt. Elle est tellement à la base de la base de certains courants SF que depuis, tout a été développé. Ca reste génial de voir ce que tout le monde a pioché dans Métropolis cependant.